The Economist Intelligence Unit vient de mettre à jour son classement des villes où il fait bon vivre. Il va sans dire que dans le haut du panier, caracolent comme presque chaque année, les villes les plus agréables à vivre au monde, à savoir Melbourne, Vienne, Vancouver et d'autres cités qui sont à l'honneur comme Helsinki. L'étude porte sur 140 villes et les critères principaux, à même de classer la cité, s'appuient sur la stabilité politique et sociale, le système de soins, la culture et l'environnement, les services, l'éducation et les infrastructures. En queue de peloton, c'est-à-dire les bonnets d'âne ou les dix dernières villes, l'on retrouve dans le lot : Dacca (Bangladesh), Harare (Zimbabwe), Douala (Cameroun) et bien sûr se positionnant à la 135e place, la médina d'Alger, à cinq rangs de la dernière position détenue par Damas qui ferme la marche, à cause de la dégradation du cadre de vie due à la guerre. Mais Alger est en état de paix ! Cela ne l'autorise-t-il pas à se hisser à un statut digne d'une capitale ? Un très médiocre score qui a fait faire la moue dubitative à des gestionnaires, qui tentent encore une fois de nous faire croire que l'enquête est manipulée. Qu'on a volé des points à Alger pour les rajouter à… Melbourne, là où l'atmosphère est plus conviviale. Sauf que la gabegie est patente dans la gestion d'une mégalopole qui attend ses grands projets restructurants. Faire une centaine de mètres le long d'une artère au cœur de la cité Ibn Mezghena, sans être agressé par des odeurs pestilentielles que génèrent l'éclatement des canalisations des eaux usées, relève du miracle ! Arpenter un trottoir sans être surpris par des tas d'ordures ou un pan de chaussée ayant les tripes à l'air, est exceptionnel ! Hormis certains quartiers juchés sur les hauteurs d'Alger, qui laissent apparaître du clinquant pour des raisons évidentes, le reste des zones du tissu urbain est, au risque de nous répéter, pitoyable. La chaussée, dont l'épaisseur du bitumage dépasse la hauteur du trottoir mal revêtu, est le propre des quartiers d'Alger. Les crevasses, excavations, écrans de poussière font partie de notre décor au quotidien. Les travaux de voirie, viciés exécutés par des entreprises de copinage non qualifiées, ne font pas bouger le maître d'ouvrage. Et faisons l'impasse sur le squat de l'espace public par le négoce envahissant de l'informel, le service de transport anarchique ou ce chauffeur de taxi qui vous conduit là où il veut… L'on ne daigne sortir de nos gonds qu'à l'approche d'une manifestation politique ou culturelle pour se rendre compte que rien ne va plus... On commence alors à s'escrimer, en instruisant, l'espace d'un événement, les Epic. Une fois les lampions éteints, on renoue avec nos vieux réflexes. On rentre en hibernation dans une cité «rurbanisée» et qui avance à reculons.