La Société des eaux d'Oran (SEOR), concessionnaire de la gestion de la station de traitement des eaux usées d'El-Kerma depuis bientôt 3 ans, compte bien valoriser les boues issues des traitements des eaux d'assainissement. La production, qui atteint quelque 2000 m3 par jour, est aujourd'hui stockée au niveau de la grande Sebkha. Dans un proche avenir, la SEOR compte bien mettre le produit sur le marché des engrais et des amendements organiques, en principe très prisé par l'agriculture. «Les boues, une fois épandues, augmentent le rendement des cultures. Elles contiennent des nutriments pour les cultures et servent d'amendements organique et calcique pour améliorer les propriétés du sol, surtout si elles sont chaulées ou compostées», explique un expert en agronomie. Naturelles et biodégradables, elles constituent une alternative à l'utilisation des engrais chimiques et, par voie de conséquence, contribuent efficacement à la protection des nappes phréatiques. Elles seront très utiles aussi pour la reconstitution de sols et la «végétalisation» à la suite de gros travaux d'aménagement, comme les talus routiers et autoroutiers, la réhabilitation de friches industrielles, de friches urbaines ou des décharges. C'est d'ailleurs dans la décharge d'El-Kerma, voisine de la station et actuellement en voie de réhabilitation, que les boues produites depuis l'inauguration de la station en 2009 sont stockées. Au regard de la production journalière, la quantité stockée serait suffisante pour la réhabilitation de quelque 2 à 400 ha de décharge au moins. Notre agronome les taxera même de boues précieuses dans le cadre de la mise en valeur des terres et pour compenser les pertes en surface agricole utile. Une saignée drastique et perpétuelle où, durant les 15 dernières années, quelque 5 à 6 000 ha de terres irrigables et à haut potentiel ont disparu. Mais pour cela, les boues devront montrer patte blanche. «Particulièrement en ce qui concerne les taux de matières polluantes d'origine industrielle», nous dira un connaisseur plutôt sceptique quant à la maîtrise des polluants. Un avis non partagé. «En France, la pratique de l'épandage des boues d'épuration se fait depuis plus de 30 ans et aucun accident majeur n'a été recensé à ce jour», nous dira un agronome très enthousiasmé par le projet. Pourtant, les boues urbaines ne sont pas particulièrement sollicitées en Europe où elles représentent moins de 2 % des déchets épandus, selon les experts. Mais c'est, dit-on, bien plus une affaire de lobby qu'autre chose. Au niveau de la SEOR, on est conscient que la production de boues réclame la mise en place d'une politique très rigoureuse de contrôle des rejets pour pouvoir produire des boues de faible teneur en polluants. Un contrôle en amont, à la source pour ainsi dire des eaux d'assainissement, est une nécessité. C'est désormais chose faite : la SEOR vient de mettre sur pied une équipe de contrôleurs. Elle se contentera d'informer la direction de l'environnement qui a les pouvoirs pour sévir. Pour l'heure, la SEOR met en place une banque de données à partir de la carte de localisation des sites classés, situés sur son périmètre d'intervention. La direction de l'environnement vient de remettre, à la direction de l'entreprise, le fichier des entreprises potentiellement polluantes et surtout la liste des mauvais élèves de la wilaya qui seront particulièrement tenus à l'œil.