Voilà quelques jours, de passage dans la localité de Moghrar, le dénommé Laïd Slimane, âgé de 46 ans, nous a raconté malgré, ses douleurs, son malheur. Dès son enfance, ce dernier a été gravement atteint en 1975 par la déflagration d'une mine antipersonnel datant de la période coloniale. Victime à l'âge de 8 ans, Slimane avait perdu son œil gauche, son bras droit et 4 doigts de sa main gauche. «Ayant survécu à ce drame par des soins à l'hôpital de Saïda, mutilé dès l'enfance, handicapé malheureusement à vie, seul mon entourage parental, nous dit-il, a pu me rendre l'existence quelque peu tolérable. Depuis ce temps, je vivais d'expédients jusqu'à l'âge de 35 ans, date à laquelle on m'a finalement recensé et inscrit comme handicapé en m'attribuant une indemnisation qui, à mes yeux, est très insuffisante pour vivre dignement. Fort heureusement, l'APC m'a recruté par contrat comme gardien. A présent, je suis marié et père d'une petite fille. Mais ce que j'espère ardemment, c'est la création d'une association locale car il y a plus d'une cinquantaine de personnes dans mon cas qui ne savent pas comment agir». D'aucuns souhaitent l'instauration d'un statut particulier pour les victimes des mines antipersonnel mais aussi leur insertion dans le monde du travail. Rappelons nous, parmi d'autres cas, le triste événement, au lieudit Haraza, situé au nord d'Aïn Sefra, où, voila quelques années seulement, le jeune Moghrad Mejdoub, âgé de 15 ans, a été décapité sous l'effet d'une puissante déflagration d'une mine antipersonnel semée par l'occupant, alors que son jeune frère M. Mohamed, 13 ans, gravement blessé a perdu un œil. Ce triste événement s'est produit sous les yeux de leur grand frère M. Boudjemaâ, 26 ans, présent sur place et non loin de la tente de leurs parents. Des parents accablés, traumatisés et impuissants devant l'irréparable. Un malheur qui demeure encore dans les mémoires. Les mines antipersonnel, anti-groupe et éclairantes persistent encore et ce, malgré diverses opérations de déminage effectuées par les unités spécialisées de l'ANP. Notons par ailleurs que pour lutter contre les éventuelles atteintes physiques chez des enfants, risques parfois mortels causés par les mines antipersonnel, l'association «14 Mars des handicapés de Naâma» a lancé une opération de sensibilisation et d'explication cette année, une action déployée à travers les écoles du primaire et du moyen dans différentes communes touchées par les lignes connues sous la triste appellation Morice et Challe.