Durant deux jours, la rencontre consacrée par le musée national de Constantine, au thème de « La conservation dans les musées et la préservation des biens culturels », n'est pas allée au fond d'un problème qui continue d'inquiéter les spécialistes. Les interventions et les débats abrités par le palais de la culture Malek Haddad, mercredi et jeudi derniers, ont donné l'impression que les participants avaient évité d'aborder les vrais sujets pour se noyer dans des généralités mornes. Un tableau noir sur la situation des sites archéologiques menacés par les pillages, les déformations, mais aussi par l'invasion du béton armé. Une situation qui dure depuis des années déjà mais qui n'a jamais fait l'objet particulier de la part des pouvoirs publics, et encore moins des communes abritant des sites et vestiges archéologiques. Ces mêmes communes n'ont jamais assumé leurs responsabilités, selon certains participants, en matière de préservation de ces sites en vertu des articles 92 et 93 de la loi 90/08 du 7 mai 1990 portant code des communes. Il aura fallu découvrir une véritable hémorragie du patrimoine archéologique et l'énorme trafic mené par les citoyens des régions frontalières mais aussi par certains touristes peu scrupuleux, pour décider enfin d'agir en organisant des sessions de formation en direction des services de la gendarmerie et de la police des frontières. Des institutions qui auront désormais la lourde tache d'intervenir aussi dans les cas de fouilles clandestines, devenues des pratiques courantes des citoyens habitant à proximité de sites archéologiques, comme c'est le cas dans les wilaya de Sétif, Guelma, Souk Ahras et Tébessa. Des intervenants n'ont pas manqué de soulever la problématique des sites menacés par le projet de l'autoroute est-ouest qui risquent de disparaître à jamais à moins d'une intervention urgente des pouvoirs publics, surtout que les circonscriptions archéologiques, réduites à des établissements bureaucratiques, n'ont ni les moyens matériels ni les potentialités humaines pour assurer cette mission. Au même titre que les musées qui continuent de mener une vie de citadelles fermées, où la conservation des objets archéologiques et autres biens culturels n'est pas toujours épargnée par les effets du temps. Il suffit de demander à voir les objets de réserve et autres objets ethnographiques pour s'en rendre compte.