D'un coût de 20 milliards de centimes, le laboratoire de haute sécurité microbiologique, le P3, de l‘Institut Pasteur d'Algérie, installé à Sidi Fredj, est fermé depuis 2011 après un fonctionnement de quelques mois. L'audit effectué par un expert en sécurité biologique, à la demande de l'actuel directeur général, certifie la conformité des installations de ce laboratoire et permet son exploitation. Suite aux déclarations du directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), le professeur Kezzal, portant sur la mise en place d'un laboratoire de haute sécurité microbiologique (P3) des professeurs chercheurs au sein de cette institution s'élèvent pour dénoncer la fermeture de ce laboratoire situé à Sidi Fredj dont la réception provisoire date déjà de 2011. «Nous avons même commencé à travailler au sein de ce laboratoire où toutes les réalisations sont conformes aux niveaux du confinement et aux normes requises en la matière. Il a été validé par un organisme international de qualification. A l'arrivée du nouveau directeur général, le laboratoire a été fermé et son responsable a été destitué», soutiennent ces scientifiques, qui ne comprennent pas les agissements de l'administration face à un projet de grande envergure dont tous les pays disposent sans aucun problème. Ils rappellent qu'il s'agit d'un laboratoire dédié à certains micro-organismes à risques biologiques de niveau 3 et à potentiel épidémique élevé, surtout lors des épidémies aux virus inconnus. «Nous continuons à travailler et à manipuler des virus dans des locaux sans aucune protection. Ce laboratoire est justement conçu pour protéger les manipulateurs et l'environnement immédiat. Il est doté d'un système de traitement de l'air en dépression à un niveau très élevé. Les germes restent confinés dans la salle et les manipulateurs sont protégés par des combinaisons spéciales.» Il est donc fermé, regrettent-ils, depuis plus de deux années, pénalisant les chercheurs de l'IPA et autres universitaires dans leurs projets scientifiques. Comment peut-on parler aujourd'hui de mise en place de ce laboratoire déjà mis en place, s'interrogent-ils. Depuis ce temps, cela aurait permis de donner une nouvelle dimension à la recherche en Algérie tout en créant des relations de partenariat avec l'Afrique et l'Europe, comme cela se fait de par le monde. Ce qui aurait permis une coopération régionale entre l'IPA et la communauté scientifique internationale. La création de ce laboratoire par l'Institut Pasteur d'Algérie date déjà de plusieurs années. Doté d'un budget de 20 milliards de centimes, dont 11 milliards relevant des fonds propres de l'IPA, sa réalisation a connu des retards considérables suite aux changements au niveau de la tutelle (ministère de la Santé et direction générale de l'IPA). Sa fermeture, décidée par la direction suite au rapport de l'IGF, a encore retardé de deux années son exploitation. Sa création remonte à 2009, lorsque le bâtiment a été mis en place. La nouvelle équipe, arrivée en 2010, a relancé le projet et procédé aux premiers contrôles exigés par la loi (CTC, contrôle des équipements acquis et stockés au niveau du port depuis août 2009) et à l'installation. C'est ainsi que des tests et des contrôles ont été effectués par une société étrangère pour la qualification pour le fonctionnement des équipements. «Un premier contrôle sur l'aspect général de ce laboratoire a été effectué en décembre 2010 et des réserves avaient été émises. Ce qui a été vite corrigé et les réserves ont été levées en février 2011. Le laboratoire a été mis en fonction en juin 2012 malgré le manque de matériel et de consommables», rapporte une source proche du dossier. «Il a été alors décidé de le fermer malgré l'audit demandé par l'actuel directeur général.» Cette étude sur la conformité du laboratoire P3 du service de virologie de l'IPA a démontré que «sur la base du dossier fourni, le laboratoire répond parfaitement aux normes requises», note l'expert dans le domaine des laboratoires de biosécurité. Et de signaler que «le laboratoire est prêt à être utilisé ; il n'y a aucune raison pour qu'il ne soit pas fonctionnel». Le rapport d'expertise relève également que «le laboratoire est techniquement utilisable et répond parfaitement aux normes. Toutes les réserves soulevées dans le premier dossier de validation ont été levées après correction et revalidation concluante». Et d'ajouter : «La mise en marche continue de ce type d'installation est indispensable afin de lui assurer une longue durée de vie et éviter les surcoûts liés à la maintenance et aux qualifications fréquentes générées par l'arrêt.» Comment peut-on alors pénaliser toute une institution et priver une communauté scientifique d'une telle œuvre validée par des compétences internationales en se basant sur un rapport de l'IGF ?