Des éléments constitutifs d'un accord, quel qu'il soit, sont immuables et ce n'est certainement pas la guerre en Syrie qui va en modifier les termes. Aussi faut-il des parties bien identifiées, se reconnaissant mutuellement, et un ordre du jour agréé par tous. Exactement ce à quoi s'attelle l'émissaire de l'ONU, surtout ces dernières semaines à l'occasion d'un long périple qui n'a rien de protocolaire, visant apparemment à impliquer le plus grand nombre. Si de tels rappels sont faits, c'est que la conférence de paix, dite Genève 2, se heurte justement à de tels problèmes, permettant même de penser que personne n'en veut. Quant aux raisons, elles renvoient à des considérations qui dépasseraient le contexte syrien. Des centaines de groupes et des soutiens à peine, sinon jamais avoués. C'est ce qui explique les efforts déployés par Lakhdar Brahimi, qui a fini par faire savoir aux plus optimistes que la conférence en question pourrait ne pas se tenir. D'abord, faute d'accord au sens large puisque les conditions, émises de part et d'autre, en décourageraient plus d'un. Et quand de telles réserves venaient à être levées, se poserait la question de la participation de l'opposition. Elle n'est pas acquise, l'élément nouveau et certainement dissuasif étant, depuis quelques jours, la condamnation à mort à laquelle s'exposerait tout participant. C'est aussi le procédé, et cela renvoie aux conditions préalables posées par le régime, mais surtout par l'opposition. Le premier laisse planer le doute en déclarant que les conditions ne sont pas remplies et la rébellion, déjà divisée, entend obtenir des garanties. Celle du départ du régime syrien et donc d'un transfert du pouvoir. Réponse de ce dernier : pas question d'aller à Genève «pour remettre le pouvoir», comme le réclament l'opposition et ses alliés, a affirmé, lundi, le ministre de l'Information. «Si c'était le cas, nous aurions remis le pouvoir à Damas même et nous nous serions épargnés l'effort et le prix du billet d'avion», se permet-il même d'ajouter. Et de préciser que «ce qui se passera à Genève est une opération politique et non pas une remise de pouvoir ou la formation d'une autorité transitoire». Tout semblait être réglé dans les moindres détails, jusqu'à la date qui semble avoir été décidée et annoncée dans la précipitation, mais par qui et dans quel but ? C'est apparemment le contraire qui se produit avec des réunions préparatoires, importantes il est vrai pour un conflit de cette nature, mais jusque-là peu concluantes.Celle d'hier à Genève se fixe les mêmes objectifs et surtout d'arrêter une date pour la conférence de la paix envisagée depuis juillet 2012, mais otage d'une logique de terrain qui aurait permis à ceux qui y prennent part de négocier en position de force, ce qui est propre à tout conflit. On cherche toujours à négocier en position de force, mais dans le cas syrien, la multiplication des conditions préalables ferait penser que les parties en conflit privilégieraient une logique militaire. Est-ce cela réellement ? Sans être insensible à un tel discours, l'émissaire international entend, avec de nombreux interlocuteurs, imposer celle de la solution politique. Et en ce sens, il a énuméré les éléments de la négociation en rassurant les participants quant à ce qui en sortira et qui sera, a-t-il dit, le fait uniquement de Syriens. Rien, en tout cas, ne semble arrêter M. Brahimi, pas même les affrontements au sein même de la rébellion et encore moins les récentes déclarations de Bachar Al Assad laissant entendre qu'il pourrait être candidat à sa propre succession lors de la prochaine présidentielle. Qu'il est dur, le chemin pour Genève.