La révision constitutionnelle ? C'est clair : créer le poste de vice-président, qui sera occupé, du moins on l'espère, par le frère Abdelaziz Belkhadem », lâche avec assurance un cadre du FLN contacté hier. « La révision de la Constitution est inéluctable », affirme un député FLN, proche de l'ex-secrétaire général Ali Benflis, déposé par les « redresseurs », dont Abdelaziz Belkhadem était l'un des leaders. Pourquoi changer la Constitution au bout de dix ans après celle de 1996 ? « Afin de préciser quel régime politique nous voulons. Le Président lui-même l'a dit à maintes reprises, il ne voulait plus de ce texte. La pratique politique, la pratique du pouvoir a changé depuis la fin des années 1990. Il faudra trouver autre chose : renforcer le régime présidentiel n'est pas une mauvaise idée », ajoute la même source. En quoi la pratique du pouvoir a changé ? « Le pouvoir est de plus en plus apparent. Les cercles de décision se démocratisent puisque l'on sait qui décide. C'est le Président, qui est, ne l'oublions pas, le président d'honneur de notre parti », appuie-t-on au FLN. Certains observateurs prédisent un référendum en septembre-octobre 2006, à quelques mois des législatives et des locales de 2007. Elections durant lesquelles le FLN tentera de maintenir son rang de dominant dans les assemblées locales et nationales. « On en est encore aux dernières étapes de restructuration des instances locales et régionales, nous tentons également de tuer dans l'oeuf les tentatives de rébellion des pro-Benflis tout en gardant un oeil sur les tenants d'une ‘‘troisième voie'' entre Belkhadem et Benflis, des pseudo-autonomistes qui nous reprochent notre proximité avec le pouvoir alors que nous ne sommes qu'un parti au pouvoir », explique un ancien chargé de mission auprès du comité central. « Révision constitutionnelle ou pas, ce qui intéresse la base est de ne plus voir Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif », confie un ancien membre du comité central, qui continue à s'occuper ponctuellement des restructurations au niveau des mouhafadha et des kasma, ajoutant que « l'ombre de la fraude de 1997 au profit du RND, avec un Ahmed Ouyahia comme chef du gouvernement, plane toujours au-dessus de nos têtes ». A ses yeux, un autre enjeu se cache derrière le départ de Ahmed Ouyahia : l'application sur le terrain de la charte pour la paix et la réconciliation, votée par référendum le 29 septembre 2005. « Le président Bouteflika, qui a jeté tout son poids dans cette démarche, a été déçu par les lenteurs de Ouyahia dans le domaine de l'application des modalités pratiques de la charte », indique notre source. Ahmed Ouyahia présidait le comité de suivi de l'application de la charte. « Ouyahia, connu pour ses positions d'éradicateur, n'avait pas le profil requis pour gérer le dossier de la réconciliation », murmure-t-on au vieux parti. A partir de Washington, l'ancien dirigeant de l'ex-FIS, Anouar Haddam, a apporté son soutien au nouveau chef du gouvernement. Mêmes sentiments fraternels de la part de Madani Mezrag, ancien émir national de l'ex-AIS (bras armé du FIS) qui a estimé dans une déclaration au quotidien Djazaïr News que la nomination de Belkhadem devra « accélérer l'application de la charte avant l'expiration du délai d'application de ses textes au plus tard le 27 août ». Au FLN, on ajoute deux autres dates déterminantes pour la suite de la carrière de Abdelaziz Belkhadem : 2007 pour les législatives et les locales et 2009 pour la présidentielle.