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Un moratoire oui, mais jusqu'à quand ?
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Publié dans El Watan le 18 - 12 - 2013

Voilà qu'on reparle d'un retour de l'application de la peine capitale chez nous à l'occasion d'un débat entre juristes et experts réunis autour de cette question et de son devenir dans le monde arabe. Mais pour être plus rigoureux, il n'est pas inutile de rappeler que ce retour, souhaité ardemment, à l'exécution des peines capitales par des courants intégristes – objet d'un moratoire sous la présidence de Liamine Zeroual en 1993 – s'est fait de plus en plus insistant depuis les récents crimes d'enlèvement, de viol et d'assassinat d'enfants qui ont eu lieu ces derniers mois à travers plusieurs régions du pays. Surtout à la suite du mouvement d'indignation qu'ils ont suscité ici et là, largement exploité par ces mêmes courants intégristes pour réclamer la mort contre les auteurs présumés de ces crimes.
Aussi vrai que la peine de mort n'a jamais éliminé le crime, le débat entre spécialistes, qui a lieu en ce moment, ne peut ignorer que la loi du talion, dont certains se réclament, ne mettra pas fin à l'horreur que certains actes criminels individuels ne manqueront pas de susciter au sein de la société. Outre le fait que le recours au principe «œil pour œil, dent pour dent» qui avait cours dans les temps immémoriaux serait impossible dans nos sociétés modernes qui, depuis longtemps, n'ont plus rien à voir avec l'organisation sociale tribale ou clanique et de la «açabiya» – l'esprit d'appartenance à l'une des deux – l'éthique, la morale et surtout le droit international ne le permettent plus. Comme il est tout aussi vrai qu'au nom de la justice, on ne peut permettre à quiconque d'ôter la vie à quelqu'un, y compris au nom du peuple ou de la société, et de le priver ainsi d'une ultime repentance salvatrice.
L'Algérie a, en effet, depuis longtemps ratifié la Déclaration universelle de droits de l'homme de l'ONU et signé de nombreuses conventions internationales, dont celle pour la protection des droits de l'enfant. On ne peut par conséquent pas ignorer de telles considérations humanistes. D'autant qu'au lendemain même de l'indépendance, parce que précisément le peuple algérien a trop souffert de la peine capitale érigée en système par l'administration coloniale et de l'horreur de la guillotine, certains avaient suggéré, lors de la première Assemblée législative, l'abolition pure et simple de la peine de mort. Hélas, on n'a pas pu, depuis, aller au-delà de tels vœux pieux. Aujourd'hui, le premier pas dans cette volonté d'aller vers l'abolition de la peine de mort a été fait avec le moratoire de 1993, il appartient au pouvoir exécutif de trouver le courage de la décréter une fois pour toutes. Mais ceci suppose une représentativité réellement démocratique émanant de la volonté populaire.


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