Beaucoup de luxe et de convivialité pour fêter le 10e anniversaire du festival du film de Dubaï, où le film palestinien Omar de Hany Abou Assad a reçu deux grands prix : meilleur film et meilleur réalisateur. Au festival du film de Dubaï, la passion de montrer le cinéma arabe sous toutes ses coutures a débordé dans le programme avec 84 films, fictions et documentaires. Le festival de Dubaï, qui est déjà producteur de films de pays arabes, est devenu une grande machine de cinéma puisque la sélection s'est largement étendue aux productions du monde parlant 45 langues, toutes les langues d'Europe et d'Amérique, mais aussi le swahili, le hindi, le bengali, le mandarin, le philippin, le wolof, le coréen, le japonais, l'indonésien, le khazakh... D'une année à l'autre, le lieu du festival est resté le même, ultra luxueux, Madinat Jumeirat où se passent les projections (avec la salle Vox située au Mall Of Emirates), les rencontres, palabres, fêtes et les stars toujours prêtes à fouler le tapis rouge. Puisque le festival du film de Dubaï veut être un pont artistique, culturel, cinématographique entre les pays arabes et l'Occident (l'Amérique en particulier), il s'est clôturé avec une super production d'Hollywood, favorite des Oscars : American Hustle de David Russell. Beaucoup d'autres films américains étaient aussi sur les écrans pour satisfaire la fringale du public émirati. Beaucoup de films arabes ont émergé cette année. Notamment Omar déjà remarqué et primé à Cannes. Mais aussi Sullam Ila Dimashk (Echelle pour Damas) de Mohamed Malas (Syrie), Rock The Casbah de Laïla Marrakchi (Maroc), Sotto Voce de K. Kamel (Maroc). Ce film très remarquablement joué par Ahmed Benaïssa et Khaled Benaïssa revient sur l'histoire trop souvent oubliée : le passage de la ligne Morice durant la Révolution, quand les militants bravaient les mines et la soldatesque française. De ce fait, le cinéma marocain a une bonne longueur d'avance sur le cinéma algérien pour rappeler l'histoire commune des deux pays frères et tenter d'apaiser les tensions actuelles. On ignore toujours les affinités cinéphiles des membres d'un jury de festival. A Dubaï, le film palestinien a été justement primé, pas de doute. La grande erreur du jury a été d'oublier de mentionner au moins deux grands films. D'abord l'extraordinaire prouesse esthétique et la trame très belle du récit du film syrien de Mohamed Malas : Soullam Ila Dimashk. Une œuvre très réussie, très émouvante à l'écran et qui confirme ce qu'on savait déjà depuis Ahlam Al Madina que Mohamed Malas est un grand cinéaste et que ses films sont de purs objets d'art. Le second film oublié au palmarès (il méritait plus qu'un prix d'interprétation), c'est celui de Laïla Marrakchi qu'il faut absolument avoir vu pour la présence d'Omar Sharif à l'écran. Revoir le légendaire acteur égyptien dans cette histoire qui nous parle de sa mort imprime au spectateur une forte secousse, une grande émotion. Rock The Casbah, en dépit de ce titre, est aussi une réussite. Un récit qui tourne autour de la mort et qui n'est pas morbide. La tragédie de la perte du patriarche de la famille devient hautement burlesque quand sonne l'heure de l'héritage.