Au lieu de défendre les compétences et le principe de l'impartialité, d'être à l'écoute des préoccupations citoyennes, la plupart des élus ne font qu'accentuer le sentiment d'exclusion chez les plus vulnérables. Ceux qui sont censés légiférer et discuter les lois se dérobent de leurs responsabilités dans leur wilaya d'origine, font dans le clientélisme et s'associent avec la caste des privilégiés. Aucun député ou sénateur de Souk Ahras, en poste n'a proposé, ou à défaut, défendu, un quelconque projet d'intérêt public. «Au lieu d'encourager un investissement pourvoyeur de postes d'emploi dans des secteurs prometteurs tels que l'agriculture, la petite et moyenne entreprise ... l'un de nos députés agit en prédateur et rafle les postes d'emploi, distillés depuis la capitale à doses homéopathiques», nous confie Ibtissem, une jeune licenciée en sciences de gestion. Son amie, lauréate de sa promotion, argue : «Les agissements du député en question dépassent l'entendement et c'est lui-même qui accentue le sentiment de Hogra au lieu de défendre les compétences et le principe de l'impartialité en sa qualité d'élu de toute la population. Or nous assistons depuis peu à un recrutement où l'on tient compte du degré d'allégeance au parti de ce député.» A Souk Ahras, à Sedrata, à Merahna, à H'nencha... et dans toutes les autres communes où l'on organisait volontiers meetings et bains de foule à des fins électoralistes, les courtiers d'il y a une année, rangent leurs clairons et grignotent en silence les dividendes. Présents en force lors de la visite du Premier ministre, ils se font rares lors des grandes crises, des rencontres avec la population ou en session d'APW. «Les grandes affaires de détournement dans le foncier, dans l'immobilier et dans le bâtiment ne suscitent aucune réaction de la part des élus des deux chambres sauf si Mère nature aligne le chameau au dromadaire», ironise un avocat. Les dépassements multiples dans le secteur la justice et le renvoi à une date ultérieure l'ouverture d'une cour à Souk Ahras, ne figurent aucunement sur la liste des préoccupations devant être transmises à qui de droit de la part de ceux qui promettaient monts et merveilles aux gens de la région. L'affaire des expulsés de Bir Youcef, le nombre record des condamnations par contumace, les affaires scabreuses traitées par un ex-juge en fuite et dont les verdicts ont été maintenus, les doléances des citoyens concernant les huissiers de justice et quelques avocats véreux....on en parle quand il s'agit d'enfoncer une vieille rivalité ou quand les affaires ne tournent guère dans le sens souhaité. Dans le domaine du bâtiment, - et c'est là où l'argent coule le plus-, une partie des entrepreneurs et bureaux d'études les mieux introduits, se partage la responsabilité des cités sans âme qui poussent au gré de la manne pétrolière sans égard aucun pour les futurs attributaires. Les noms de ceux restés tout près de la théorie en matière d'octroi des marchés publics sont effacés d'un revers de la main. La cité Zedira Ali, attribuée depuis seulement une année en est le parfait exemple. «Nous avons vainement fait le tour des permanences de tous les députés et sénateurs pour leur signifier que nos bâtiments menacent ruine», a affirmé un habitant de ladite cité. Des accidents de travail mortels pour des employés non déclarés, l'emploi des étrangers et des mineurs dans des conditions inhumaines, l'exploitation des retraités dans le bâtiment et les services, les complots fomentés par structures interposées dans le but de déstabiliser les secteurs, la santé, l'OPGI, l'ONA, la SNTF et bien d'autres, la démission de certaines communes par rapport aux aspirations de la population locale, les scandales à répétition dans les milieux sportif et associatif… n'inquiètent guère les «ambassadeurs» d'une wilaya sous-classée et vouée à toutes les gémonies.