Les ouvriers, embauchés en vertu de contrats à durée déterminée, revendiquent leur permanisation. Depuis quelques jours, la ferme pilote Hmil Boubakeur de la commune de Aïn Berda, 30 km de Annaba connaît des perturbations. En effet, une dizaine de travailleurs en fin de contrat sous un régime à durée déterminée (CDD) ont protesté sans préavis revendiquant des postes permanents. Pour faire entendre leur voix, ils n'ont pas hésité à cadenasser l'accès à leur lieu de travail. Ce qui a poussé le directeur de la ferme à déposer plainte auprès du procureur de la République près le tribunal d'El Hadjar après moult tentatives de résoudre le conflit. «Nous travaillons dans cette ferme depuis plusieurs années mais sous CDD. Nous voulons l'insertion sous forme de postes permanents et le partage des bénéfices en fin de saison», ont-ils revendiqué principalement dans une lettre adressée à notre rédaction. Contacté, le directeur de la ferme Hemaidia Amar a bien voulu répondre à nos questions. «Cette ferme pilote qui relève du groupe semences plants géniteurs (GSPG) de Tadmaït (Tizi Ouzou) emploie actuellement 13 permanents, 21 contractuels dont 11 en fin de relation de travail. Le recrutement en personnel contractuel dépend du plan de charge de la ferme. Quant aux bénéfices, pas moins d'un million de dinars est partagé annuellement entre tous les travailleurs », a expliqué d'emblée le premier responsable, lui-même soumis à un contrat à durée déterminée. A la question s'il y a une possibilité de faire bénéficier les travailleurs protestataires d'un contrat à durée indéterminée (CDI), M. Hamaïdia s'est référé, document à l'appui, à l'instruction du président du conseil d'administration adressée au PDG du SGDA portant référence 456/2013. Il y est écrit ceci: «Nous tenons à vous signaler que toute décision de CDI au profit des travailleurs ne doit être prise sans l'aval de la SGP/SGDA.» Néanmoins, la même source annonce la reconduction sous CDD de cinq employés parmi les protestataires à partir du mois courant. A ce propos, notre interlocuteur fait référence à un P.-V. de réunion tenue le 31 décembre dernier. Cette rencontre, à laquelle ont pris part outre le représentant de la direction des services agricoles (DSA), le directeur régional du groupe et le directeur de la ferme, quatre travailleurs sous CDD, a permis à toutes les parties liées à ce conflit de s'entendre sur une feuille de route. Les travailleurs temporaires ont exigé un contrat à durée indéterminée, un projet d'investissement et l'annulation des poursuites judiciaires. Des revendications que les responsables présents à cette rencontre ont promis de soumettre à l'employeur pour étude. Pour rappel, cette ferme pilote est très rentable. Selon ses trois derniers bilans certifiés par un cabinet de comptabilité d'audit, cette exploitation connaît une augmentation allant crescendo d'année en année. A titre d'exemple, les prévisions de l'année 2014 sont déjà réalisées à 98%, confirme le directeur de la ferme, chiffre à l'appui. Bien qu'il soit le représentant des travailleurs, le syndicat de la ferme ne cache pas sa satisfaction quant au mode de gestion de cette exploitation agricole. «L'actuel directeur a réussi à mettre en place une politique de gestion exemplaire qui a permis à la ferme de se redresser d'une manière extraordinaire et redorer son blason terni. Les bilans positifs et la croissance soutenue chaque année témoigne de la bonne gestion de ce cadre», témoigne le président de la section syndicale A. Saïdia. Enfin, le directeur de la ferme pilote Hmil Boubakeur regrette cette situation et pointe un doigt accusateur sur les gens étrangers, dérangés par les résultats positifs et continus de cette exploitation agricole.