Les dérapages tant redoutés à cause des limites administratives entre les wilayas de Djelfa et Laghouat ont, cette fois, eu lieu franchement. Les deux tribus rivales, les Ouled Yahia Ben Salem, de la commune de Sed Rahal, dans la wilaya de Djelfa, et les Harazlia, de la commune de Hassi Delaâ, dans la wilaya de Laghouat, se sont engagées dans une confrontation armée. Comme nous l'avions annoncé dans l'édition de lundi, les incidents qu'on craignait se sont produits. La poudrière a finalement cédé en explosant dans un duel frontal armé entre les deux tribus. Pourtant, tard dans la soirée de dimanche, la situation laissait présager un dénouement de la crise eu égard aux efforts entrepris par le maire de Hassi Delaâ qui s'est déplacé chez les sages dans la localité de Sed Rahal dans Ie cadre d'une mission de bons offices. Mais selon le P/APC de cette dernière localité, quelques personnes animées de vives passions et de desseins obscurs ont attisé les ardeurs en faisant dans la provocation. L'éclatement des hostilités a eu lieu en début d'après-midi d'hier et plus de 500 personnes armées de fusils de chasse et de gourdins se sont donné rendez vous sur un terrain vague, au niveau des limites administratives, en plein désert. Officiellement, l'on annonce que les luttes ont pris fin vers 17h grâce à l'intervention de la gendarmerie qui fait état d'un bilan de 5 blessés seulement, tandis qu'une source fiable proche de l'événement cite une dizaine de blessés à divers degrés de gravité dans les deux camps. La même source confirme que les Ouled Yahia Ben Salem n'en démordent toujours pas, appelant les tribus voisines d'extraction naïlie à se liguer contre les Harazlia. Si ce mot d'ordre devait rester en vigueur, le pire serait à venir dans la mesure où les Harazlia de souche maraboutique ont des liens de sang avec les Larbaâ, une tribu forte en individus et réputée pour son fight spirit légendaire. Théoriquement, on impute cette rivalité à un problème de bornage de limites de territoires simplement. Cependant, il est un secret de Polichinelle le fait que des enjeux juteux sont en ballottage. D'abord, les recettes qui se chiffrent à près de 15 milliards de centimes au titre de la taxe administrative professionnelle (TAP) à engranger, que chaque commune convoite grâce au passage des canalisations pour le transport d'hydrocarbures. Ensuite, les recrutements des gardiens du pipe, un moyen qui peut générer d'importants « dividendes » pour certains. Finalement, la réunion qui a regroupé les représentants de l'administration, dimanche, dans le but d'apaiser la flamme n'a été d'aucune utilité et le travail cadastral effectué par l'institut de cartographie semble nul et non avenu. A quand alors l'intervention du ministre de l'Intérieur tant que ces tribus continuent à faire preuve de bellicisme mutuel et que les deux walis semblent dépassés par l'ampleur de la discorde ?