Après avoir auparavant prévenu sur les risques d'éclatement du conflit entre les Ouled Yahia Ben Salem et les Harazlia, respectivement rattachées aux wilayas de Djelfa et Laghouat, et mis en avant les raisons apparentes et inavouées du désaccord nourri depuis plus de 20 ans au sein de ces deux tribus, place maintenant à la genèse des affrontements et aux événements directs et collatéraux qui ont caractérisé cette animosité. Commençons d'abord du côté des Ouled Yahia Ben Salem qui ont la particularité de nomadiser à travers le Sahara à la recherche de la moindre dépression (dhaïa) dans le but de mettre leur bétail en pâturage. Ces derniers se sont installés en bivouac quelques jours avant la bataille rangée au lieudit L'kmara, à 75 km au sud de Sed Rahal et à 25 km à l'est de Hassi Delaâ, précisément à dhaïa Metamra située à cheval entre les deux communes antagonistes. Donc une zone à risque puisque faisant déjà l'objet d'un litige au niveau du tracé des limites frontalières administratives. Mais cet endroit s'avère justement le point d'orgue, car non loin de là se situe la base de Sonatrach considérée comme une manne financière. A cela s'ajoutent les initiatives de l'Etat pour la réalisation de plusieurs ouvrages destinés à désenclaver cette région aux climat et relief hostiles. Il est davantage un problème quand on sait que le terrain d'assiette choisi est non seulement situé à proximité de la base Sonatrach à 1,2 km, mais par ailleurs relié à Oum Laâdham, une commune relevant de la circonscription de Djelfa, par un tronçon de 18 km en voie d'achèvement. Alors que la route menant à Hassi Delaâ n'est plus carrossable ! Jusque-là, que de menaces en l'air de la part des Harazlia, plutôt sédentaires, qui voient en ces tentes naïlies installées une provocation sur fond de positionnement géostratégique à la faveur de l'occupation de fait de l'espace en question ! Ce qui a parallèlement précipité les choses est la présence sur les lieux d'une équipe du cadastre la veille de l'affrontement en vue de matérialiser les limites des deux communes. Cela a été interprété par les Harazlia comme une situation de fait accompli, qui allait déboucher inéluctablement sur la formalisation des limites telles qu'elles se présentaient en pratique ! Ils seraient dans ce cas « les dindons de la farce », selon un membre de cette tribu. Cela en dépit des tracés que l'institut de cartographie avait déjà réalisés par voies aérienne et terrestre et en dépit également du fameux PV établi en 1984 par les deux P/APC de l'époque. A ce sujet, une question taraude cependant l'esprit puisque le maire actuel de Sed RahaI se trouve être le P/APC de 1984, donc celui qui avait de son côté avalisé la teneur de ce PV ! Quelques anicroches en ont résulté « somme toute logique » et crescendo, la tension montait d'un cran, alimentée, faut-il l'admettre, par certaines personnes désireuses d'accaparer le plus de parts des intérêts qui gravitent autour et dans Sonatrach ! Ainsi prenait forme l'opposition frontale entre les deux tribus par la mobilisation des uns et des autres, armés de fusils de chasse, de gourdins et de frondes. La suite est connue à part qu'il faut noter qu'après la trêve intervenue le lundi en début de soirée, deux postes de vigie sont restés occupés par les Ouled Yahia Ben Salem à l'effet de protéger au cas où, un pâté de « haouchs » et pareillement chez l'adversaire. Si seulement deux blessés de part et d'autre ont été admis à l'hôpital de Messaâd et celui de Laghouat en raison de leurs blessures graves, néanmoins ceci ne veut pas dire que ce nombre est le seul valide car plusieurs personnes blessées légèrement ont dû rejoindre leurs demeures pour échapper à l'identification d'usage par les gendarmes. L'opération d'identification des participants aux affrontements et leur désarmement se poursuit, a-t-on appris de source sûre. En conclusion, alors que l'armée a pris possession des lieux en dressant plusieurs cantonnements sur place, le calme semble peu à peu revenir. Par ailleurs, à la faveur de la rencontre qu'a présidée le wali de Laghouat, le retour à l'apaisement semble de mise à Hassi Delaâ. Le wali, qui a obtenu des notables pour qu'ils œuvrent afin de calmer les esprits, s'est engagé à ce que les fauteurs de troubles quels qu'ils soient répondront de leurs actes. Les forces antiémeutes n'ont pas eu à intervenir, et ne sont arrivées sur place que deux heures après les événements. Selon les témoignages recueillis sur place, on peut s'estimer heureux qu'il n'y ait pas eu mort d'homme. « La qualité des rapports profonds entre les archs de Ouled Sidi Yahia et des Hrazlia interdit que l'on mette les affrontements de la veille sur le compte d'une rivalité de tribus qui n'existe réellement pas », souligne-t-on. « On ne s'attendait pas à ce que l'on fasse usage d'armes, d'ailleurs aucun d'entre nous ne disposait d'armes pour que l'on parle de conflit armé », insiste un notable de Hassi Delaâ, selon lequel l'origine des faits est liée à la volonté de ceux venus de Sed Errahal pour procéder à des constructions sur les terres, objet du litige. Le repérage des lots à construire sur plus de 500 m tout au long de la route menant vers Biskra à l'aide de pierres est toujours sur les lieux comme on a pu le constater hier. « Nous avons pris langue avec le vice-président de l'APC et le chef des patriotes qui étaient abord d'un véhicule de type Nissan. Au terme d'un entretien qui a duré plus de dix minutes on s'est entendu à agir de concert pour séparer les belligérants qui s'échangeaient des coups de pierres. Alors que l'on était à une centaine de mètres les uns des autres des coups de feu fusèrent de la dhaïa dite de l'gbou », affirme un autre. Les notables, qui insistent sur la qualité des rapports entre les deux archs, accusent ouvertement des membres de l'APC et leur entourage d'être à l'origine des troubles. Alors que de part et d'autre et au-delà des limites territoriales, les voies de la sagesse sont en train de prévaloir. Les autorités au niveau central sont interpellées pour dissiper le brouillard qui voile « le quartier du fromage » forme des terres litigieuses. Abdelkader Zighem , Zaibita M.