Au moment où les familles de terroristes perçoivent des indemnisations, les gardes communaux continuent à manifester dans la rue pour réclamer leurs droits. Après une période de répit, les gardes communaux reviennent à la charge. Bien que l'accès à la capitale leur ait été interdit, des milliers de gardes communaux ont manifesté hier dans plusieurs wilayas du pays. «Nous avons manifesté dans 38 wilayas», déclare Lahlou Aliouat, porte-parole de la Coordination nationale des gardes communaux. Des sit-in ont été observés devant les sièges de wilaya. Les gardes communaux réclament en premier lieu la reconnaissance de leur sacrifice durant les années de braises. Les manifestations se sont déroulées dans le calme. Aucun incident n'a été enregistré. M. Aliouat conteste la manière avec laquelle s'est faite la dissolution du corps des gardes communaux. Ainsi que le processus d'intégration des gardes communaux, dont certains sont toujours affectés à des postes provisoirement. Mécontents, les gardes communaux ont investi de nouveau la rue pour faire entendre leurs doléances. «Nous voulons être indexés sur les autres salaires de la Fonction publique car, actuellement, nous sommes en bas de l'échelle. Le meilleur d'entre nous ne dépasse pas les 27 000 DA et la prime de panier n'est que de 100 DA. Une prime que ne permet même pas de se payer un café», se plaignent les gardes communaux de Chlef dans une déclaration rapportée par le bureau de la Ligne algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) de cette wilaya. A ce propos, cette organisation a exprimé son soutien aux gardes communaux. La Laddh considère leurs revendications «réalistes et sensées». Les gardes communaux exigent des salaires à la hauteur de la tâche qu'ils ont assumée durant plusieurs années. Ils demandent également la prise en charge des veuves et des orphelins de leurs confrères tombés sous les balles des terroristes. La situation des gardes communaux «porte en elle de grands risques de déstabilisation de notre pays», avertit la Laddh. Pour rappel, la Garde communale est un corps sécuritaire chargé de la protection des communes durant les années de terrorisme. Ce corps a été créé en 1994 comme une force de soutien qui agit sous l'autorité de l'Armée nationale populaire (ANP). Les gardes communaux ont joué un rôle primordial dans la lutte antiterroriste. Après de nombreuses années de peine et de sacrifices, la Garde communale a été dissoute officiellement le 31 octobre 2012. Les gardes communaux ont eu droit à trois propositions alternatives. Le ministre de l'Intérieur de l'époque leur avait suggéré comme première solution le départ volontaire à la retraite. La deuxième alternative qui leur avait été proposée est l'intégration du corps militaire mais en tant qu'auxiliaire. Environ 22 000 gardes communaux ont fait ce choix. Le reste de l'effectif a été orienté vers les entreprises économiques ou les administrations publiques pour exercer en tant qu'agent de sécurité. Mais sur le terrain, la grogne bat son plein et les gardes communaux se sentent lésés dans leurs droits. Au moment où ces patriotes attendent, dans le désarroi, la concrétisation de leurs revendications, l'Etat débloque 10 milliards de dinars pour indemniser les familles de terroristes. Selon le président de la cellule d'assistance juridique aux victimes de la tragédie nationale, Me Merouane Azzi, les familles des terroristes abattus par les services de l'ordre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme bénéficient de montants allant de 1,4 million à 1,7 million de dinars. Cette indemnisation est prévue par les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. La charte a omis de prendre en charge plusieurs catégories, dont ceux qui ont participé activement à la lutte antiterroriste.