Les chiffres du commerce extérieur pour 2013, rendus publics par les Douanes algériennes, confirment la tendance déjà entrevue au début de l'année passée. Le recul de la production des hydrocarbures de 4% en 2013 conjugué à la réduction de la demande de gaz, notamment en Europe, qui a entraîné une baisse des volumes exportés de 7% et celle des prix du pétrole sur le marché international de plus de 3% ont induit une diminution des recettes des exportations d'hydrocarbures d'environ 10%. En parallèle, l'augmentation en valeur des importations de près de 9% a entraîné un recul important de l'excédent commercial de 50%. Avec un excédent commercial d'environ 11 milliards de dollars pour 2013 contre 21,5 milliards de dollars en 2012, la situation du compte courant de la balance des paiements extérieurs connaît une situation inédite. Cet excédent suffira peut-être à peine à couvrir la facture des services pour assurer l'équilibre et éviter un déficit de la balance. Mais à partir de cette année 2014, le déficit deviendra structurel, si on analyse le rapport entre les revenus des exportations et les dépenses pour assurer les importations. Avec une augmentation régulière annuelle d'environ 10%, les importations de biens devraient atteindre la barre des 60 milliards de dollars alors que les exportations se stabiliseraient au même niveau que celui atteint en 2013, puisque les exportations d'hydrocarbures connaîtront une hausse qui sera effacée par le recul attendu des prix du pétrole en se situant à 64 milliards de dollars. En l'absence d'un excédent commercial, dans cette situation, l'importation de biens et services et le rapatriement des dividendes par les opérateurs étrangers vont progressivement opérer des ponctions sur les réserves de change qui devraient commencer à connaître une stagnation dès 2014, avant de reculer les années suivantes. En fait, la situation des finances extérieures va inaugurer l'étape de la fin de l'excédent et introduire la situation économique du pays dans le «rouge». Ceci est conforté par la faiblesse de l'appareil productif qui n'arrive pas à répondre à la demande nationale et un train de vie de l'Etat très au-dessus des normes de gouvernance dans pareil cas, qui illustre bien la mentalité du système de la rente qui caractérise la situation actuelle. Le développement de la corruption a touché les grands contrats, marqués par des surévaluations obtenues à coups d'avenants multiples et réguliers, entraînant des pertes de plusieurs milliards de dollars ces dernières années, dans une impunité qui a fait classer l'Algérie parmi les pays les plus corrompus au monde, sans espoir de voir un changement en la matière. Le tout est de savoir combien les réserves de change pourront tenir pour compenser les déficits. Car au vu des intentions affichées et des méthodes choisies, le retour à la situation de l'endettement extérieur avec de nouvelles conditionnalités du FMI n'est pas à exclure à moyen terme.