Vous êtes-vous déjà demandé comment peut-on développer l'agriculture et la maintenir dans des contrées arides comme le sud algérien ? Ou bien quelles sont les méthodes d'élevage des espèces halieutiques dans les régions sahariennes largement connues pour leurs terres stériles et une difficulté de production fortement liée à la déficience en ressources hydriques permanentes et riches en nutriments ? Eh bien, les chercheurs en aquaculture tentent une nouvelle approche de ce qu'ils appellent l'agroaquaculture. Il s'agit de développer deux activités en même temps. D'un côté, l'agriculture pour offrir de la nourriture gratuite aux poissons, et d'un autre côté l'eau d'élevage pour fertiliser la terre. Une symbiose parfaite entre deux méthodes vitales pour l'homme et son environnement. En fait, c'est l'introduction de l'élevage de poissons dans un milieu à vocation agricole. Le procédé de la pisciculture intégrée à l'agriculture consiste à développer les deux activités, parallèlement ou successivement, en bénéficiant des avantages de l'une pour l'autre. En général, cette méthode est plus préconisée dans les zones rurales, notamment au niveau des exploitations agricoles moyennes et petites pour son apport notable en protéines. «Cette activité est définie par l'utilisation de l'eau piscicole qui est très riche pour le système d'irrigation en vue de réduire le taux d'engrais», explique Djamila Ferhane, chargée de la division aquaculture au Centre national de recherche et de développement de la pêche et l'aquaculture (CNRDPA) de Bou Ismaïl. La pisciculture est une activité agricole qui sera en mesure d'améliorer et de faire avancer prodigieusement les systèmes fermiers dans les zones sahariennes. «Nous travaillons sur le projet de l'intégration de la pisciculture au niveau de certaines exploitations agricoles avec l'Organisation onusienne pour l'alimentation (FAO)» ajoute-t-elle. La pisciculture intégrée, une démarche fructueuse Cette nouvelle méthode offre plusieurs avantages pour le système agricole. Très enthousiaste, Mme Ferhane décrit précisément les bienfaits de la pisciculture intégrée. «Ce nouveau système présente plusieurs avantages. La pisciculture intégrée garantira un apport supplémentaire en protéines dans l'irrigation de la terre. En outre, elle favorise la diversification des revenus de l'exploitation agricole ainsi que l'amélioration de la qualité de vie des agriculteurs, notamment dans les petites exploitations». Positive et assurée de l'efficacité de la fusion des deux activités, aquacole et agricole, la chercheuse affirme que cette intégration pourra créer un micro-écosystème qui permettra de recycler les résidus agricoles dans la pisciculture, et vice-versa, tout en réduisant la pollution organique. Ainsi, l'utilisation des engrais chimiques sera réduite. «Ce projet vise également à obtenir une forte production halieutique et ainsi réduire le coût de revient du poisson pour avantager l'agriculture», assure-t-elle. Les formes de la pisciculture intégrée Les avantages de l'intégration des deux secteurs productifs nous donnent une idée générale de ce que l'on peut constater. La production sera plus élevée et plus importante quand deux systèmes sont fusionnés. Les différentes activités sont unifiées si les résidus d'une activité sont employés pour la production d'un autre produit animal ou végétal. Djamila Ferhane nous expose deux types de la pisciculture intégrée à l'agriculture. «Le premier type est la pisciculture intégrée à la production végétale. Cette forme d'activité consiste généralement à élever des poissons dans des étangs ou des bassins. Ces étendues sont destinées à l'irrigation en utilisant cette eau riche en éléments nutritifs pour irriguer la culture agricole. Dans ce cas, les poissons sont nourris de déchets et de résidus des cultures agricoles produites par l'exploitation». Notons que les résidus ou les sous-produits des cultures des champs ainsi que les plantes aquatiques peuvent servir de nourriture aux différentes espèces tels la carpe herbivore, le tilapia, le poisson-chat et le carpe commune. Mme Frehane ajoute : «le deuxième type, la pisciculture intégrée à la production animale consiste en l'utilisation directe de déchets issus de la production de bétail ou de volaille dans l'alimentation du poisson. Ces déchets comprennent le fumier, l'urine et les aliments inadaptés à la consommation humaine qui peuvent être utilisés directement comme des intrants frais. Ils peuvent également être transformés avant l'utilisation qui permettra l'obtention de produits bio». Ainsi, nous pouvons conclure que cette méthode d'intégration entre agriculture et aquaculture sera une option de choix pour le développement durable et fructueux dans le Sud algérien. Ce qui aura comme conséquence de favoriser le secteur de l'emploi dans ces zones, ce qui impliquera un déplacement positif de population vers ces vastes espaces qui sont restés longtemps boudés pour leurs inhospitalités environnementales et alimentaires.