Certains médicaments sont aujourd'hui fortement déconseillés. « Je fais partie d'une génération qui a prescrit le valium alors qu'en ce moment il est totalement proscrit », prévient un psychiatre qui met en avant l'importance de l'information et de la formation. Un congrès de pharmaciens contre la drogue, notamment les psychotropes, a été organisé hier samedi 1er mars au CCO à l'initiative de l'ASPO. Cette association existe depuis 2010 et compte 4000 adhérents couvrant 28 wilayas. Selon la présidente, 28 laboratoires entre importateurs et producteurs ont pris part à cet événement comportant au programme une série de communications traitant des aspects juridiques et médicaux liés au phénomène, une séance pratique de formation sur les tests rapides de dépistage des drogues ainsi qu'une intervention d'ordre économique sur toute la filière pharmaceutique, ses enjeux et ses perspectives. «Aujourd'hui, quand on veut déclarer la guerre à un pays, on l'inonde de drogue et de stupéfiants», a déclaré M. Bensouna, magistrat au tribunal de la cité Djamel à Oran. Pour illustrer ses propos, il évoque les saisies alarmantes enregistrées ces dernières années: 5 millions de comprimés à Alger, 1 million à l'Est du pays et 800 000 dans la région d'Oran. Dans son intervention, pour mieux cerner la problématique, il a notamment rappelé les textes juridiques définissant et classifiant les notions de stupéfiants et de substances psychotropes mais aussi ceux régissant la profession pour mieux délimiter les responsabilités en cas de conflit entre pharmaciens et malades. Succédant au magistrat, un représentant de la police a rappelé les conséquences du fléau de la drogue et de la consommation abusive ou illégale des psychotropes sur la santé, l'économie et la sécurité d'une société. Là aussi, les chiffres sont alarmants et les saisies opérées par la police dans la ville d'Oran ont plus que doublé passant de plus de 31 000 en 2012 à plus de 66 000 en 2013. La dépendance vis-à-vis de certaines substances pharmaceutiques inquiète les praticiens. «Au sein de la DGSN, nous avons la chance, puisque nous disposons aussi de notre propre pharmacie, de travailler en étroite collaboration, ce qui ne se fait malheureusement pas à l'extérieur», a déploré le Dr Boudehri, médecin spécialiste en psychiatrie exerçant depuis 15 ans au sein de la sûreté nationale. Il a analysé puis souhaité que le triptyque médecin, pharmacien et patient fonctionne de manière optimale. Le psychiatre a par ailleurs estimé qu'un amalgame est souvent établi entre la drogue et les psychotropes et même qu'une distinction entre les variétés de ce qu'on désigne par psychotropes s'impose. Selon lui, «les neuroleptiques et les antidépresseurs ne génèrent pas de dépendance contrairement aux anxiolytiques et les hypnotiques barbituriques qui ne relèvent pas du même registre mais qui, eux, intéressent les toxicomanes.» Les produits pharmaceutiques consommés abusivement ou qui se retrouvent dans les circuits de commerce illicites sont, tels qu'évoqués par le praticien, les benzodiazépines (valium, temesta et ryvotril). Pour des raisons diverses, certains médicaments sont aujourd'hui fortement déconseillés et le médecin en tient compte. «Je fais partie d'une génération qui a prescrit le valium alors qu'en ce moment il est totalement proscrit», prévient-il pour mettre en avant l'importance de l'information et de la formation. En faveur d'une prise en charge médicalisée encadrée des malades, il suggère de différentier entre les concepts d'appétence, d'assuétude (dépendance) et d'accoutumance pour dit-il, paraphrasant un philosophe allemand, «ne pas créer des malades de médicaments.» Sur un registre clinique, Mme Rezkellah, pharmacienne toxicologue au CHU d'Oran s'est intéressée au suivi des patients en cure de désintoxication et constate que 60% d'entre eux combinent le cannabis avec les BZD (benzodiazépines). La consommation des BZD concerne 24% d'une population de 1075 personnes recensées durant 5 ans. C'était pour montrer l'importance de la consommation des psychotropes par une population dont l'âge ne cesse de diminuer avec un cas relevé d'un enfant de 12 ans.