Les services de l'APC ont recensé, avant 2007, près de 2800 occupants. Le bidonville a fait l'objet d'extensions qui ont augmenté le nombre de baraques. Les habitants du plus grand bidonville de la capitale, à savoir Erramli, dans la commune de Gué de Constantine, sont, depuis quelque temps, dans une pénible et interminable expectative. Depuis l'annonce par les autorités de la wilaya de l'opération de relogement qui va concerner uniquement les occupants recensés avant 2007, un sentiment de profonde injustice s'est emparé de ces habitants qui ne comprennent pas cette décision qualifiée de «ségrégationniste». «Sommes- nous des Algériens à part entière ou de seconde zone ?», fulmine une mère de famille. Ce genre d'interrogation est tout à fait légitime, car ces familles qui, a priori, sont exclues de l'opération de relogement, vivent avec d'autres familles recensées avant 2007 et qui, par voie de conséquence, vont bénéficier d'un logement dans le cadre de cette opération. «Nous sommes trois familles qui vivions dans un F3 à Bab El Oued, l'exiguïté de l'appartement et les problèmes qui en découlaient nous ont rendus malades. Il fallait donc choisir entre perdre la raison ou partir ailleurs. J'ai préféré construire deux pièces en parpaing à Erramli et garder ma santé», raconte un jeune père de famille, qui s'est installé dans le bidonville en 2009. «Le fait d'être venu ici en 2009 est-ce une raison suffisante pour nous exclure du relogement. Si cette décision venait à être appliquée, je m'immolerai par le feu», menace-t-il. D'après le président de l'APC de Gué de Constantine, M. Boughrara, «les services de l'APC ont recensé avant 2007 près de 2800 familles. Néanmoins, le bidonville a fait l'objet d'extensions dont on ne peut évaluer aujourd'hui le nombre. Nous espérons que les autorités de la wilaya prendront en charge tous les occupants du bidonville», conclut-il. En tout état de cause et quelle que soit la décision des responsables de la wilaya, il convient de rappeler les conditions inhumaines dans lesquelles vivent ces occupants. «Nous avons par le passé bénéficié de raccordements au réseau d'électricité et de l'eau potable. Cependant, le site est dépourvu de commodités devant répondre aux besoins des occupants», affirme un habitant. Le bidonville compte un ensemble de baraques qui se juxtaposent dans un alignement sinueux pour aboutir sur les rives d'un oued pollué. Le site est accessible par des ouvertures faites sur le muret qui délimite le périmètre d'une voie ferrée. Cette dernière frôle dangereusement le bidonville. A chaque passage de train, les habitants mettent leur vie et celle de leurs enfants en péril. D'ailleurs, nombre d'accidents se sont produits sur cette voie ferrée, ôtant la vie à des enfants en bas âge et à des adultes. Les habitants côtoient également des chiens errants et même les serpents qui vivent sur les rives de l'oued, avec les risques que cela suppose. Des occupants rapportent des cas d'enfants attaqués par ces chiens et de morsures par des serpents. «Nous avons misé gros sur cette opération de relogement, c'est notre ultime espoir», concluent des habitants du bidonville.