La mission de l'ex-ministre de la Défense et actuel chef du gouvernement, Abdallah Thaniy, s'est avérée plus difficile que prévu dans une Libye au bord du chaos, alors que sa nomination avait donné espoir à la classe politique. Tunis De notre correspondant Un flou épais caractérise la situation en Libye. La démission, dimanche, du chef du gouvernement, Abdallah Thaniy, contraste avec la bouffée d'oxygène à l'Est, émise avec la reprise de l'exportation du pétrole à partir des ports d'Al Horriga et Zouitina. Alors que l'Est libyen se dirige progressivement vers l'apaisement, après le dénouement de la crise des terminaux pétroliers, c'est à Tripoli que la tension est montée d'un cran avec les difficultés rencontrées par Abdallah Thaniy pour former son gouvernement. En effet, la mission de l'ex-ministre de la Défense et actuel chef du gouvernement s'est avérée plus difficile que prévu. Homme de compromis depuis qu'il était ministre de la Défense dans le gouvernement de Ali Zeydan, Abdallah Thaniy a essayé de composer entre les blocs du Congrès national général pour former une équipe consensuelle. Toujours sur sa lancée après avoir réussi à déloger Zeydan, le bloc islamiste rigoriste «fidélité au sang des martyrs» a essayé de faire pression pour imposer Abdelhakim Belhaj, islamiste notoire et président du conseil militaire de Tripoli, à la tête du ministère de l'Intérieur. Le même groupe a formulé le vœu d'imposer d'autres personnalités qui lui sont proches sur les ministères de la Défense, des Finances et du Pétrole. En parallèle, certaines milices alliées des islamistes, ont fait des manœuvres d'intimidation devant les demeures du chef du gouvernement et de certains ministres pour leur faire peur. A la surprise générale, le chef du gouvernement et lesdits ministres ont refusé ce diktat et présenté leur démission, amenant la Libye au bord du chaos alors que la classe politique commençait à espérer. Espoir à L'Est Il a fallu à peine une semaine de maintenance pour que le port pétrolier d'Al Horriga, récemment délivré par les manifestants aux autorités, reprenne ses activités d'exportation du brut libyen. Le porte-parole de l'entreprise libyenne de pétrole, Mohamed Harrari, a ainsi annoncé hier l'exportation imminente d'un million de barils de pétrole produit sur les champs d'El Massalla et Essarir. Par ailleurs, la ville d'Al Baydha, à l'est de Benghazi, multiplie les préparatifs pour abriter les premières discussions du Comité des 60 pour la rédaction de la Constitution, dont une majorité a été élue en février dernier. L'ancien siège du Parlement libyen de la royauté a été aménagé pour accueillir ces pourparlers réunissant les délégués de toutes les régions de la Libye à partir du 21 avril. Toujours en rapport avec l'amélioration de la situation à l'Est, le ministre libyen chargé de l'Intérieur, Salah Mazen, a indiqué dans une déclaration au site «La voix internationale de la Libye» que «le plan sécuritaire de Benghazi a été activé avec, notamment, la mise en place des caméras de surveillance». Le ministre a également souligné que «plusieurs divisions de milices intégreront dans les prochains jours les rangs du ministère de l'Intérieur qui leur assurera des sessions de formation afin de s'initier au respect de la loi et leur inculquera les principes de la police citoyenne». «Triste sort est celui de la Libye», déplore la juge et militante de la société civile de Benghazi, Naïma Jibril. «A peine est-on parvenu à résoudre la crise des terminaux pétroliers de l'Est que certaines forces hostiles à l'intérêt du peuple libyen ont jailli pour saborder le processus constitutionnel et empêcher la formation du gouvernement», ajoute-t-elle. «Les Frères musulmans n'ont pas réussi à élire leurs représentants dans la commission de la Constitution. Ils veulent donc continuer à exploiter la légitimité périmée du Congrès national général pour imposer leur choix», explique la journaliste de Mayadine, Fatma Ghandour.