L'absence remarquée de la Mauritanie à la réunion interministérielle des pays du Sahel sur le Mali, tenue à Alger, l'ambiguïté du contenu du communiqué final de cette rencontre, mais aussi les réponses évasives du ministre malien de la Réconciliation nationale sur la question de la participation ou non du Mouvement de libération de l'Azawad au dialogue montrent toute la difficulté qu'éprouvent les Etats de la sous-région à surmonter leurs divergences sur la question malienne et donnent à la conférence un cachet purement protocolaire. D'ailleurs, la mouture de la déclaration finale a été revue et corrigée à plusieurs reprises, retardant ainsi la clôture des travaux à la fin de la journée au lieu de la matinée. Dans cette déclaration, le Mali, le Niger, l'Algérie et le Burkina Faso, tout en reconnaissant «l'importance» du travail de la communauté internationale en faveur du«retour de la paix et de la stabilité», soulignent néanmoins «la nécessité» de réunir les «conditions favorables à un accord inclusif» intermalien au Mali «devant fournir les garanties d'une paix durable et définitive». Le communiqué précise toutefois que la délégation malienne a réitéré à l'Algérie la demande du gouvernement malien «de poursuivre les efforts en vue de réunir les conditions qui permettent le lancement dans les meilleurs délais du dialogue intermalien». De ce fait, les participants à cette réunion ont déclaré «soutenir et suivre avec intérêt le processus des pourparlers exploratoires lancé à Alger» en janvier dernier et la partie algérienne a fait état de la prochaine étape dont l'objectif est de «parvenir rapidement au lancement du dialogue visant à préserver l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali et à contrôler son unité nationale». Les participants se sont entendus sur «une démarche opérationnelle qui conforte la dynamique générée par les consultations exploratrices d'Alger, en tant que plateforme, et un réceptacle des efforts engagés, individuellement et collectivement, dans le cadre d'une concertation et d'une coordination étroite entre les pays afin de parachever la prise en charge des questions préliminaires dans un délai de deux mois». A ce titre, ils se sont engagés à «convaincre à travers des actions appropriées les mouvements armés concernés à prendre part aux discussions exploratoires engagées à Alger». En résumé, le Mali a mandaté l'Algérie pour convaincre les différents groupes armés maliens à accepter le principe du dialogue dans la perspective d'une négociation au Mali avec les autorités maliennes, à travers un négociateur que le président Ibrahim Boubacar Keita compte désigner, et sollicité les pays voisins pour appuyer cette initiative. Lors de la conférence de presse commune, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a noté qu'il s'agit d'un dispositif ad hoc mis en place pour coordonner «nos capacités et nos connaissances du terrain en vue de réaliser une action ponctuelle d'appui au Mali afin de réunir les conditions du succès du dialogue intermalien». Selon lui, la réunion s'inscrit «en droite ligne de la consolidation des acquis de l'accord de Ouagadougou, qui a permis d'atteindre largement deux ou trois objectifs importants, dont la tenue des élections législatives et présidentielle». Le ministre a estimé que «le fait qu'il y a autour de la même table ces cinq pays, l'Algérie, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et le Tchad, est un gage qu'il n'y a pas de contradiction dans cette démarche par rapport à ce qui a été engagé par la communauté internationale». Il a précisé que «les consultations exploratrices d'Alger, menées à la demande du président malien, ont donné lieu à une plateforme discutée et adoptée le 17 janvier dernier à Alger par trois mouvements armés alors que le quatrième, qui est le Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA), s'est abstenu après avoir pris part aux discussions. Nos efforts et ceux des pays voisins ont pour objectif de mettre sur les rails le processus de dialogue intermalien, sur la base de cette plateforme, dans un délai de deux mois». Abondant dans le même sens, le ministre malien de la Réconciliation nationale, Ould Sidi Mohamed Zahabi, a rappelé les principes défendus par son gouvernement, à savoir l'intégrité territoriale, la laïcité et la stabilité régionale, qui s'inscrivent, dit-il, dans la même logique que défend le G5 et toutes les autres initiatives de Nouakchott, de Ouagadougou, engagées dans le cadre de la sécurité et de la stabilité sahélo-sahélienne. Et de préciser : «Nous sommes tous là pour dire que l'Algérie a la bénédiction du Mali et celle de ses voisins.» Pour le ministre malien, «il n'y a ni contradiction ni compétition, mais une complémentarité dans les actions».