Le président palestinien Mahmoud Abbas a un sens élevé de l'anticipation, puisque son porte-parole a révélé hier qu'il a déployé mardi et la nuit suivante des efforts considérables pour obtenir la libération du soldat israélien enlevé dimanche. Mais il a constaté hier qu'Israël, qui a saboté ses efforts, entendait obtenir autre chose. Terroriser le peuple palestinien. « Le président Mahmoud Abbas condamne l'agression israélienne et considère que cette agression contre des cibles et des infrastructures civiles est une punition collective contre le peuple palestinien », a déclaré son porte-parole qui a révélé que « le président Abbas, qui poursuivait dans le même temps ses efforts au cours de la nuit jusqu'à ce matin (pour sortir de la crise), a été surpris par cette escalade violente qui n'a d'autre but que de détruire la vie quotidienne du peuple palestinien ». M. Roudeïna a indiqué que M. Abbas avait convoqué une réunion du Comité exécutif de l'OLP pour « étudier les possibilités d'aller devant le Conseil de sécurité de l'Onu et stopper cette agression le plus tôt possible ». Il a également demandé à l'Administration américaine et au Quartette (Etats-Unis, Russie, Onu et l'UE) d'intervenir avant que la « situation ne dégénère ». Les choses deviennent ainsi claires, à supposer qu'elles tendaient à ne pas l'être. Elles ont même permis de refaire l'unité palestinienne. Et à ce sujet, le vice-Premier ministre palestinien affirmait hier que la vie du soldat israélien dépend de ce que compte faire Israël, appelant les ravisseurs à ne pas le tuer. « Nous avons demandé aux ravisseurs du soldat de préserver sa vie et de bien le traiter. Dans le même temps, nous avons demandé à la communauté internationale et au Conseil de sécurité des Nations unies de stopper l'escalade israélienne et préserver les vies des Palestiniens », a-t-il ajouté. « Nous tenons le gouvernement israélien pour responsable de l'existence des Palestiniens », a-t-il insisté en affirmant vouloir parvenir à une « solution pacifique » à l'offensive lancée par Israël pour retrouver son soldat. M. al Chaer a ensuite présidé une réunion urgente du cabinet palestinien à Ramallah, à laquelle la plupart des ministres palestiniens du mouvement islamiste n'ont pu prendre part en raison du bouclage total de la bande de Ghaza par Israël. Ce qui n'est pas de l'avis du Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui s'est déclaré hier décidé à « user de moyens extrêmes » pour libérer le soldat. « Nos forces ont lancé une opération d'ampleur décidée par l'échelon politique pour libérer Gilad (...) Cette opération se poursuivra dans les prochains jours », a-t-il encore dit. Plus de deux régiments d'infanterie d'élite, appuyés par des blindés, des pièces d'artillerie et des hélicoptères de combat, soit quelque 5000 hommes sont engagés dans cette opération lancée dix mois après le retrait israélien de Ghaza. « Il y a des mouvements de troupes vers la bande de Ghaza », s'est borné à indiquer un porte-parole de l'armée. Le conseiller politique au ministère de la Défense, Amos Gilads a laissé entendre que les opérations en cours, constituent la première phase d'une offensive plus large. « Nous savons qui sont les ravisseurs du soldat. Ils sont soutenus par la direction du Hamas à Damas, et nous mettrons peut-être en œuvre d'autres moyens, des moyens très diversifiés auxquels le Hamas ne songe pas », a-t-il affirmé à la radio. Les officiels israéliens ont multiplié les mises en garde à Khaled Mechaâl, le chef de la direction politique du Hamas, en exil à Damas, qu'ils accusent d'avoir commandité l'attaque de dimanche et l'enlèvement du soldat ainsi que les incessants tirs de roquettes contre Israël. Faute de résultats tangibles à court terme, une profonde avancée des blindés en territoire spalestiniens habités serait d'autre part envisagée, a indiqué un haut responsable militaire, sous le couvert de l'anonymat. Dans ce cas de figure, les forces israéliennes risqueraient de se heurter à une résistance susceptible d'être coûteuse en vies humaines pour les deux parties. « Cette escalade militaire israélienne est injustifiée. Mener une telle folie militaire à grande échelle aura d'importantes conséquences », a averti Ghazi Hamad, porte-parole du gouvernement issu du Hamas, dans une déclaration à l'agence palestinienne Wafa. De nombreux Palestiniens armés se sont barricadé dans les rues de Rafah (sud de Ghaza) et ont pris position sur les toits. Ils se préparent à ce qu'ils savent faire depuis toujours, résister, et se défendre quand la communauté internationale sensée les protéger, car ils vivent sous occupation étrangère, et comme tels couverts par les Conventions internationales, refuse de s'assumer. Quelques voix se sont élevées pour déplorer la violence. En elles, elles portent un danger bien plus grand puisqu'elles mettent dos à dos Palestiniens et Israéliens.