Pour ce 66e anniversaire de la Nakba (catastrophe), l'une des pires tragédies vécues par un peuple, les Palestiniens sont sortis en masse revendiquer leur droit au retour dans les terres et les foyers d'où ils ont été chassés. Ghaza De notre correspondant Que ce soit dans la bande de Ghaza ou dans toutes les villes, villages et camps de réfugiés de Cisjordanie, les slogans étaient les mêmes et les manifestants ne brandissaient que le drapeau palestinien. «Nous reviendrons chez nous», «El Qods est notre capitale», pouvait-on lire sur les banderoles. Signe de l'amélioration de l'atmosphère politique interne suite aux récents accords de réconciliation entre les mouvements Fatah et Hamas, toutes les factions ont participé aux activités populaires commémorant le 66e anniversaire de la Nakba palestinienne. Le gouvernement israélien, qui nie sa responsabilité dans le drame palestinien, refuse toujours de parler de retour des réfugiés. Il n'a pas raté l'occasion de rendre cette journée plus triste encore. Ses soldats, postés près de la prison militaire d'Ofer, dans la région de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, ont tué de sang-froid deux jeunes manifestants de 17 et 20 ans, alors qu'ils étaient désarmés et ne représentaient aucun danger réel. L'assassinat des deux jeunes Palestiniens s'est produit jeudi en début d'après-midi. Ils ont été atteints de plusieurs balles à la poitrine alors qu'ils jetaient des pierres contre les gardiens de la célèbre prison d'Ofer. Au cours des mêmes incidents sanglants, 8 autres manifestants ont été blessés par des tirs israéliens. Deux palestiniens tués L'assassinat de Mohamed Oddeh et de Mossab Nouwarra est une provocation visant à enflammer les territoires palestiniens. Une révolte populaire de grande envergure permettrait au gouvernement israélien de fuir ses responsabilités dans l'échec des négociations de paix. L'Autorité palestinienne et le président Mahmoud Abbas ont dénoncé le crime israélien, qui vient s'ajouter à ceux commis contre le peuple palestinien depuis la création de l'Etat hébreu. L'Autorité palestinienne a décrété un deuil de trois jours. Les dirigeants palestiniens pensent par ailleurs suspendre la coordination sécuritaire avec les autorités israéliennes. Pour le Premier ministre israélien, la meilleure réponse aux Palestiniens qui commémorent leur Nakba est une multiplication de la colonisation et de garder la ville sainte d'El Qods sous la souveraineté israélienne pour toujours. De son côté, au cours d'un discours télévisé diffusé mercredi soir par la télévision palestinienne, le président Mahmoud Abbas a rappelé aux Israéliens qu'il «est temps de mettre fin à la plus longue occupation de l'histoire moderne et qu'il n'y a pas d'autre patrie pour les Palestiniens que la Palestine». La direction palestinienne refuse l'exigence du gouvernement israélien de la reconnaissance d'Israël comme Etat juif, parce qu'elle y voit une tentative israélienne de vouloir effacer d'un simple coup de gomme la catastrophe palestinienne traduite par l'exode forcé de près de 800 000 citoyens en 1948, dont le nombre actuel est estimé à plus de 5 millions. La majorité de ceux qui ont quitté leurs villes et villages en 1948 sont sans doute morts aujourd'hui, mais ceux qui sont toujours en vie ne perdent pas espoir de revenir en Palestine pour y finir leurs jours. Quant aux autres, ils semblent avoir légué l'amour de leur terre natale à leurs descendants qui sont prêts à sacrifier leur vie pour revenir sur les terres de leurs parents et grands-parents. La preuve vivante a été donnée jeudi devant la prison d'Ofer par Mohamed et Mossab.