En raison d'une menace d'attaque terroriste imminente, l'Algérie a évacué en urgence tous les membres de sa mission diplomatique en Libye dans la nuit de jeudi à vendredi. Le personnel de l'ambassade et du consulat général d'Algérie en Libye, ainsi que les chefs de la mission diplomatique et leurs familles ont été évacués en toute urgence, pour être embarqués durant la nuit de jeudi à vendredi à bord d'un avion militaire, qui les a ramenés à l'aéroport de Boufarik. Cette décision aussi grave qu'importante a été prise par les plus hautes autorités sécuritaires et civiles du pays en raison des menaces d'attaque terroriste imminente contre les représentations diplomatiques algériennes en Libye. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères cité hier par l'APS, «suite à des informations certaines de l'existence d'une menace réelle et imminente ciblant nos diplomates et agents consulaires, il a été décidé, en coordination avec les autorités libyennes, de procéder à titre préventif et urgent, à la fermeture de notre ambassade et de notre consulat général à Tripoli». Le même communiqué tient à faire savoir néanmoins que l'Algérie reste solidaire de la Libye dans les efforts entrepris pour «l'édification d'un Etat de droit et pour l'instauration de la paix et de la sécurité sur l'ensemble du territoire libyen». Selon nos sources, les menaces ont été prises au sérieux dans la mesure où des informations avérées ont fait état d'une attaque terroriste préparée par les milices des tribus de Zenten, qui devait être commise entre hier et aujourd'hui. Ce qui a poussé les autorités algériennes à agir rapidement et à évacuer tous les diplomates ainsi que leurs familles durant la nuit de jeudi, par un vol militaire. Cette évacuation a été faite en concertation avec le gouvernement libyen, aucun délai pour leur retour n'a été fixé. L'accord porte sur la fermeture provisoire de l'ambassade et du consulat en attendant que la situation sécuritaire soit contrôlée par les autorités libyennes, ajoutent nos sources. En fait, depuis la chute du régime d'El Gueddafi, accélérée par l'intervention militaire des forces aériennes françaises, en mars 2011, appuyée par les bombardiers de l'OTAN, la Libye a sombré dans le chaos et le pouvoir central n'arrive même pas à contrôler les quartiers de la capitale Tripoli et des grandes villes, comme Benghazi. Des tribus ont déclaré leur autonomie, alors que les groupes islamistes armés ont pris le contrôle de nombreuses régions du pays. Une situation dont les retombées sont catastrophiques pour les pays voisins, notamment la Tunisie, qui subit de plein fouet la crise, à travers une activité terroriste de plus en plus intense dans les régions frontalières devenues des passages obligés pour les groupes islamistes armés. En Algérie, en dépit des moyens colossaux mis en place pour sécuriser la bande frontalière qu'elle partage avec la Libye, de nombreuses opérations de convoyage d'armement et de kamikazes ont été déjouées par les unités de l'ANP. L'attaque du site gazier de Tiguentourine à In Amenas, en janvier 2013, qui a fait plus d'une trentaine de mort, dont 27 otages étrangers maintenus en captivité durant des jours, est l'une des conséquences de la guerre en Libye. Autant dire que l'Algérie a toutes les raisons d'évacuer ses diplomates de ce pays en proie à la violence, d'autant plus que quatre de leurs collègues, enlevés à Gao, au nord du Mali, il y a plus de deux ans, et détenus par des éléments d'Al Qaîda, ont été victimes du manque d'anticipation de leurs responsables à Alger qui auraient pu leur éviter ce cauchemar, en procédant à leur évacuation dès le contrôle de la ville par les groupes armés.