Des millions d'Européens se rendent aujourd'hui aux urnes pour élire leurs nouveaux députés. Deux craintes pèsent sur le scrutin : l'abstention et le score des partis xénophobes. Paris (France) De notre bureau Plus de 380 millions de citoyens européens sont appelés aux urnes aujourd'hui dans les pays de l'Union. Ils doivent élire les 751 députés qui les représenteront au Parlement européen pour les cinq années à venir. En Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, Malte, Tchéquie, Lettonie et Slovaquie, le vote a déjà eu lieu jeudi, vendredi et hier samedi. En France, après une campagne électorale morne, les électeurs doivent désigner les 74 députés français qui siègeront à Bruxelles et à Strasbourg. Mais c'est l'Allemagne qui enverra le plus de députés à Bruxelles (96 au total) au regard de sa superficie et de la densité de sa population. Les petits pays, tels que Malte, le Luxembourg, la Lettonie… auront droit chacun à six députés. Les élections européennes interviennent dans un contexte difficile, notamment avec la crise entre l'Ukraine et la Russie et l'annexion de la Crimée par Moscou. Elles arrivent aussi alors que la crise économique et financière continue de secouer de nombreux pays d'Europe. Poussée des partis xénophobes européens En France par exemple, l'Europe est vue par une bonne partie des citoyens plus comme une source d'inquiétudes que de développement et de prospérité. Ce qui fait craindre un score élevé du Front national (parti de droite extrémiste dirigé par Marine Le Pen) et farouchement opposé à l'Europe et au traité de Schengen. Selon un dernier sondage publié par l'institut Harris Interactive vendredi dernier, le Front national arriverait en première position avec 24% de voix, talonné par l'Union pour la majorité populaire (UMP) avec 23% et enfin le parti socialiste (PS) avec 16%. Si cette tendance devait se confirmer à l'issue du scrutin ce soir, cela voudra dire que le parti socialiste aura vécu en deux mois seulement deux déroutes électorales. La première étant son cuisant échec aux municipales de mars dernier où il a perdu plus de 300 villes. Pis que cela, si le Front national sort gagnant de ces élections comme le donnent les sondages, il enverra, dans ce cas, près de 20 députés au Parlement européen. Ce qui risque d'affaiblir la position et la parole de la France, considérée jusque-là comme le deuxième moteur de l'Europe avec l'Allemagne. Mais il n'y a pas que le Front national qui fait peser la menace sur la France et l'Europe. Le réveil a sonné également pour de nombreux autres partis extrémistes. A l'image de la Ligue du Nord en Italie, du Parti de la liberté (PVV) dirigé par Geert Wilders aux Pays-Bas, du parti de l'Indépendance du Royaume-Uni (UPIK) présidé par Nigel Farage, du Parti autrichien de la liberté (FPÖ) dirigé par Heinz-Christian Strache. L'ensemble de partis extrémistes d'Europe pourrait envoyer une centaine de députés à Bruxelles. Une première pour cette instance européenne qui reste encore dominée par les sociaux-démocrates européens (partis de la gauche européenne) et les libéraux qui englobe les partis de droite européens.Par ailleurs, la course à la présidence de la Commission européenne, institution stratégique dans la gestion des affaires de l'Europe, risque d'être tendue entre le social-démocrate allemand Martin Shulz et le libéral luxembourgeois Jean-Claude Junker. Soutenu par les socialistes européens, Martin Shulz occupe actuellement le poste de président du Parlement. Quand Junker affronte Shulz Il a fait campagne contre la politique d'austérité imposée par les libéraux depuis au moins 10 ans et défend une Europe de croissance, proche des gens et moins libérale. Son rival, après avoir été ministre des Finances et Premier ministre du Luxembourg pendant 14 ans, semble bien parti pour occuper le poste de président de la Commission européenne en juillet prochain. Fils d'un syndicaliste métallurgiste, Junker a été président de l'Euro-groupe (institution qui regroupe les ministres des Finances des pays de la zone euro). Plutôt social-chrétien que libéral, Jean-Claude Junker plaide pour un salaire minimum dans tous les pays de l'Union européenne, l'harmonisation des procédures de licenciements et l'octroi de salaires décents pour les ouvriers européens. Bien qu'il ait été désigné en retard, Junker semble avoir pris une petite longueur d'avance face à son rival allemand soutenu par la France. Car, en plus de son expérience et sa parfaite connaissance des méandres de l'Europe, Jean-Claude Junker bénéficie du soutien de la chancelière allemande Angela Merkel. Ce qui n'est pas rien en ces temps de crise et au sein d'une Europe plus que déboussolée.