Les habitants et les responsables locaux dénoncent l'usage excessif des explosifs par les carrières d'agrégat. Les carrières d'agrégat au niveau de la commune d'Ath Mansour, 50 km à l'est de Bouira, ne cessent de nuire à la population. Elles sont toutes situées au sud de la municipalité, à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau. Les habitants de la commune en ont ras-le-bol. Ces derniers ainsi que l'APC réitèrent encore à travers plusieurs requêtes, dont des copies nous ont été remises, l'urgence de mettre un terme à cette situation. Les puissantes détonations des explosifs utilisés pour l'extraction de la matière première fait encore des dégâts. La plupart des habitations ont connu des fissures à cause de l'usage effréné des explosifs. «On a l'impression que c'est des séismes qui nous frappent. La terre tremble sous nos pieds au moment des explosions. Surtout celles des heures tardives du soir, le souffle que dégagent les détonations est horrible. Il faut que cela cesse», témoignent les habitants d'Ath Mansour. Ces derniers se rappellent et racontent la panique générale qui s'est emparée d'eux une journée d'octobre de l'année écoulée. Une forte détonation dans une carrière a secoué toute la région. Les habitants ont cru que c'était un séisme. L'entreprise exploitant la plus grande carrière à Ath Mansour au nom de «Gravex» est mise à l'index dans les différentes requêtes des habitants, du mouvement associatif, ou de l'APC. «Nous ne sommes pas contre l'exploitation de ces carrières, mais contre l'usage irresponsable et excessif des explosifs. Elles ont franchi toutes les limites. Nous avons avisé les services concernés, à savoir la direction de l'énergie et des mines, ainsi que les pouvoirs publics sur ces dépassements. Malheureusement, cela reste sans suite», déplore le P/APC d'Ath Mansour. Le maire interpelle encore une fois les pouvoirs publics à «prendre les dispositions urgentes et nécessaires pour mettre un terme à ces actes graves qui ne peuvent être interprétés que par un défi et un bras de fer aux conséquences non mesurées». D'autres élus estiment qu'il y a des moyens et du matériel à l'instar des concasseurs modernes qui peuvent être utilisés sans causer des dégâts. Ces dégâts ne cessent de prendre de l'ampleur en portant préjudice à l'environnement et à la santé publique. Les poussières émanant des roches des carrières d'agrégat sont dangereuses. Selon le P/APC, les cas d'asthme sont en nette hausse ces dernières années. Ainsi, il est très difficile de mesurer l'étendue de ce phénomène en l'absence d'une enquête sérieuse et de statistiques fiables. Après l'usage des explosifs, l'air devient irrespirable. Les poussières, répandues par les vents, couvrent le ciel de la commune. Surtout pendant l'été. Les conséquences sur l'environnement sont de plus en plus visibles. La nature subit de plein fouet les ravages. La forêt d'Adrar Tichi, au sud de la commune, est en voie de disparition, laissant place à un paysage hideux. De plus, l'APC ne bénéficie pas de l'impôt que pourrait drainer l'activité des carrières sur son territoire. «Le procédé utilisé par certains propriétaires des carrières est de changer de statut ou de propriétaire chaque deux ans, de père en fils, d'un frère à un autre, et ce, pour éviter de verser l'impôt, puisque l'exonération est faite pour deux ans seulement. C'est une véritable fuite fiscale», dira le vice président de l'APC. Ainsi, la commune perd des sommes faramineuses qui auraient pu servir son développement.