Un grand pas dans la voie qu'il a initiée pour faire face aux défis actuels posés par la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, notre pays l'a, après des années d'hésitations, enfin franchi : l'Algérie est désormais officiellement membre du Groupe Egmont. Ce dernier, qui assure les conditions optimales à la collaboration en matière de lutte contre la grande délinquance financière internationale a, lors de sa dernière séance plénière, donné son accord pour que notre Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), mise en place en avril 2002 pour la détection des opérations de blanchiment d'argent, soit admise au club des 131 Cellules du renseignement financier (CRF). L'annonce, faut-il le souligner, ne vient pas des autorités algériennes mais de leurs homologues suisses. En effet, dans son 16e rapport annuel (fin mai 2014), le Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent (MROS), organe relevant de l'Office fédéral de la police (Fedpol), fait état de l'arrivée au Groupe Egmont de huit nouveaux membres : L'Algérie (CTRF), le Bangladesh BFIU (Bangladesh Financial Intelligence Unit), la Bolivie UIF (Unida de investigaciones financieras), le Burkina Faso CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), Le Saint-Siège (Etat de la Cité du Vatican) AIF (Autorità di informazione finanziaria), Seychelles Seychelles FIU (Financial Intelligence Unit), le Togo CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), et enfin Trinidad et Tobago FIU of Trinidad and Tobago. Ce qui porte le nombre de membres à 139 à la fin 2013. En décrochant un siège au Groupe Egmont, la CTRF officiellement rattachée au ministère des Finances il y a tout juste une année, est dorénavant en mesure d'échanger des informations de nature financière avec ses homologues étrangers. Mais pour obtenir des données telles que les numéros de comptes bancaires et les renseignements relatifs aux transactions de capitaux ou aux soldes de comptes de ses ressortissants sur lesquels pèsent des soupçons de blanchiment d'argent, l'Algérie, à travers sa CTRF, doit au préalable signer un accord de coopération technique avec l'Etat ou les Etats membres du Groupe Egmont, sollicité(s). La Suisse, point de chute idéal de l'argent sale en provenance d'Algérie — des cas de suspicions de recyclage ayant éclaté au grand jour — est, en tout cas, l'un des pays qui conditionne le partage par le MROS de tout renseignement financier à la conclusion de protocoles d'accords, lesquels sont limités aux modalités d'échange d'informations. Et ce, en vertu de sa nouvelle Loi anti-blanchiment d'argent (LBA), en vigueur depuis le 1er novembre 2013. Cette nouvelle loi, qui ne signifie nullement la fin du mythe du secret bancaire et de la garantie absolue, a d'ailleurs valu à la Confédération helvétique la levée, quelques mois plus tard, de l'avertissement de suspension pour absence de compétences en matière de transmission d'informations financières aux bureaux de communication étrangers, adressé en 2011 au MROS par le Groupe Egmont. Aujourd'hui que notre pays en est devenu membre, l'espoir de voir aboutir la demande d'informations financières sur des comptes appartenant à des personnes morales et physiques nationales et étrangères sur lesquelles pèsent de fortes présomptions de blanchiment d'argent en lien avec les affaires Sonatrach 2 et de l'autoroute Est-Ouest, adressée à la Suisse par l'Algérie est permis. Même si les informations susceptibles d'être échangées sont d'une portée purement administrative.