Jeudi 19. Alger. A 20h00. On les avait oubliés alors qu'ils sont toujours là. Fidèles au poste, tous les jeudis dans cette ancienne filmothèque Zinet, tenue entre autres par l'honorable Sofiane Khodja. Eux ? Le ciné-club Ciné Qua None. Durant le mois de juin, ils se sont aventurés dans des pays obscurs où le cinéma est considéré à sa juste valeur. Après la Suède avec Persona, d'Ingmar Bergman, après le Turc Fatih Akin pour Head-On, p'tit, voyage du côté de La Nouvelle Zélande où l'on retrouve Jane Campion, championne toutes catégories de l'esthétique subliminale avec son second film. Nous étions en 1990. Nous nous sommes donc égarés. Que s'est-il passé entre cette date et maintenant ? Rien excepté que les films se chevauchent ardemment. Tout comme l'amour que subit Janet Frame, écrivaine de renom, néo-zélandaise, rousse et souvent à table avec des diables autour d'elle. Ange solitaire, cataloguée schizo, elle n'est rien de tout ça, juste différente. Elle écrit là où elle se trouve. A hôpital psychiatrique. Et lorsque ses écrits sont édités, elle réussit à se libérer. Puis ? Puis la vie. Et là, Campion sait quoi elle filme. Plans simples, lumière sans trop en faire, juste de quoi éveiller des soupçons. Voir ce film, c'est se faire timidement chatouiller le cou. Sensation charnelle, délicate et jamais agressive. Le jeudi soir, ça fait du bien de se faire caresser. Surtout par une main étrangère… A la filmothèque Zinet.