Une famille de quatre personnes a péri, en juin 2014, sous les décombres de leur habitation suite à un glissement de terrain ayant provoqué l'effondrement du toit de leur vieille bâtisse au lieudit Ravin blanc, à Carteau, dans la wilaya d'Oran», peut-on lire dans la presse. «La cause de cet effondrement est liée à la structure fragile de l'ensemble des bâtisses implantées sur ce site», est-il encore indiqué. A Oran, à Alger ou dans d'autres wilayas du pays, le problème du vieux bâti et des habitations qui menacent ruine revient avec insistance. Le séisme du vendredi 1er août a ravivé, chez la grande majorité, les mauvais souvenirs du tremblement de terre de Boumerdès, en mai 2003, qui a fait près de 3000 morts et des dizaines de milliers de blessés. Des habitations menaçant ruine, il en existe des centaines à travers le territoire des wilayas d'Alger, Oran, Constantine, Annaba et autres. Pour la capitale, le nouveau wali a déjà procédé au relogement de plusieurs familles habitant des logements précaires. Selon le président de l'APC d'Alger-Centre, Hakim Bettache, pas moins de 14 immeubles menacent ruine et peuvent céder à tout moment. «Nous avons uniquement six immeubles qui n'ont pas été encore expertisés par les services du CTC et je peux vous dire qu'ils le seront dans les prochains jours», explique-t-il. Pour notre interlocuteur, ces immeubles doivent être obligatoirement démolis. «Nous ne pouvons pas les réhabiliter. Ça ne sert à rien. Il faut les démolir.» M. Bettache a indiqué qu'il s'est déplacé chez les familles sinistrées quelques minutes seulement après le séisme : «Je savais que les citoyens allaient venir au siège de l'APC. Donc j'ai voulu marquer ma présence et leur dire que nous allons les prendre en charge. Je peux leur assurer qu'ils seront relogés avant la fin de ce mois d'août.» Interrogé sur le vieux bâti de sa commune, le maire d'Alger-Centre a répondu que la capitale est une vieille ville. Et d'ajouter : «Tout Alger est constitué de vieux bâtis qui datent des années 1920-1930. Si nous visons à réhabiliter ces habitations, il faut débloquer beaucoup d'argent. Il faut même lancer un plan d'urgence.» Quant aux compétences, notre interlocuteur dira que notre pays manque énormément d'entreprises spécialisées dans le domaine de la réhabilitation du vieux bâti. «Ne nous voilons pas la face. Nous avons un manque terrible de compétences et d'entreprises. Il faut créer ces entreprises et former le personnel qualifié pour ce genre d'opération. Nous n'allons pas compter éternellement sur les étrangers», affirme-t-il. Et d'ajouter que les pouvoirs publics doivent réfléchir à l'après-réhabilitation du vieux bâti en poussant les locataires à la création de syndics au niveau des immeubles, ce qui permettra leur prise en charge. «Il ne faut pas délaisser les locataires. Il faut les réunir, les inviter à créer leur syndic et se prendre en charge», développe-t-il. D'ailleurs, une somme de 100 milliards de centimes a été dégagée par l'APC pour la réhabilitation du vieux bâti. La commune d'Alger-Centre n'est pas la seule à compter des habitations menaçant ruine ou encore du vieux bâti. A Belouizdad, 85% des bâtisses de la commune ont été classées, au lendemain du séisme de 2003, dans la catégorie orange. Le recensement du CTC fait état également de 81 immeubles menaçant ruine (IMR), d'une vingtaine d'autres classés « rouge». «La population vit dans la peur de l'effondrement. J'envoie régulièrement des rapports aux autorités de la wilaya pour les alerter sur la situation d'un danger imminent. La réponse qui m'est faite est toujours la même. On me demande de me référer à la loi communale 11-10 (art. 89 alinéa1 et 2) qui stipule que les décisions de prise en charge des constructions menaçant ruine et des glissements de terrain relèvent des prérogatives du président de l'APC. Mais, réellement, le maire ne peut rien faire. L'ancien président d'APC a pris sur lui de caser un citoyen au stade du 20 Août. La justice l'a condamné à une année de prison ferme. Je ne peux rien faire alors que les gens sont en danger», s'est indignée la présidente de l'APC de Belouizdad, Dehina Naïma, dans une récente interview à El Watan. Et d'enchaîner que des immeubles de sa commune sont dépourvus de «carnet de santé» : «Des immeubles n'ont pas du tout été expertisés. Nous avons introduit une demande pour expertiser ou réexpertiser tout le parc immobilier communal. Nous avons sollicité les services de la wilaya à l'effet de passer une convention APC-CTC pour expertiser les équipements de l'APC et les immeubles et ainsi rassurer les citoyens. Nous attendons toujours.» A Sidi M'hamed, Belouizdad, Hussein Dey et El Harrach, pour ne citer que ces communes, c'est pratiquement la même situation qui prévaut. Faut-il attendre qu'il y ait des dizaines de morts pour réagir ?