Les protestataires, venus des différentes communes de la capitale, dénoncent la «hogra» et le «favoritisme» dans les opérations de relogement décidées par le wali. Des dizaines de familles exclues de l'opération de relogement ont observé, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya d'Alger. Venus de différentes communes, certains protestataires revendiquaient le droit au relogement en raison du risque d'effondrement de leurs bâtisses, suite au dernier séisme qui a secoué la capitale, d'autres pour demander un logement décent après de nombreuses années passées dans des chalets. «Hogra», «favoritisme», «népotisme» et «maârifa» sont les principaux mots que les protestataires ne cessaient de répéter pour exprimer leur colère et dénoncer la démarche «incohérente» des autorités publiques. C'est le cas, notamment, des habitants de la commune de La Casbah dont les constructions étaient classées rouge par les services du CTC depuis plusieurs années. «Malgré les instructions du ministère de l'Intérieur, les services de la wilaya d'Alger ont trouvé le moyen de nous éliminer de la liste des bénéficiaires des nouveaux logements. D'autres habitants, dont les demeures présentent moins de danger, ont été bizarrement relogés» s'indigne un homme d'un certain âge. «Dans certains quartiers, des immeubles entiers relativement en bon état ont été évacués alors que d'autres, tombés en ruine, ont été écartés de la rahla» raconte, les larmes aux yeux, une femme qui dit craindre pour la vie de ses enfants. Par ailleurs, de nombreux citoyens ayant participé à cette action de protestation ont exprimé leur incompréhension quant aux critères et priorités des autorités publiques. «S'ils ne veulent pas qu'on meurt sous les décombres en cas d'autres secousses, ils n'ont qu'à nous reloger dans l'immédiat. C'est toute La Casbah qui risque l'effondrement. Reloger certains au détriment d'autres est anormal. Qu'ils nous expliquent au moins les critères ayant présidé à leurs choix», souligne un jeune à bout de nerfs. «Mes voisins ont été relogés la nuit, c'est par hasard que je me suis rendu compte de l'opération. Je me suis rapproché des organisateurs, ils m'ont demandé d'aller voir avec l'APC. Cette dernière nous a envoyé à la daïra… hélas, nous n'avons aucune réponse convaincante», explique un autre protestataire. Aux habitants de La Casbah s'ajoutent ceux des chalets de Aïn Kahla à Heuraoua et de Koreichi à Réghaïa. Il s'agit de grandes familles ayant passé des années dans des chalets et lors de leur relogement ils n'ont bénéficié que d'un seul appartement. «Mon frère et moi, nous occupions un chalet affecté à notre mère. Il s'agit bel et bien de trois familles, mais nous n'avons bénéficié que d'un F3», relate un homme, la cinquantaine passée. De nombreux cas similaires ont été signalés dans la daïra de Dar El Beïda, apprend-on auprès des protestataires. «Mais tous les recours ont été rejetés par la commission de la circonscription administrative. C'est pour cela que nous sommes venus crier notre ras-le-bol ici au niveau de la wilaya», nous dit une mère de famille, ajoutant qu'elle ne peut concevoir trois foyers dans un F3. «Dans d'autres daïras, la commission de recours a donné raison aux familles», s'exclame un autre citoyen, tout en dénonçant la politique de deux poids, deux mesures. Il est à préciser, par ailleurs, qu'à leur arrivée sur place, les protestataires ont été encerclés par des forces antiémeutes. Deux personnes représentant les deux catégories ont été reçues par les services de la wilaya. Les protestataires exigent une solution et un engagement formel des services habilités pour que leur relogement soit programmé dans les plus brefs délais.