A chaque crise que le proche-orient vient à connaître, la Syrie est propulsée sur le devant de la scène, et pas toujours dans les mêmes termes. Plus souvent en tant que partie, même non déclarée puisqu'il lui est prêté des rôles qu'elle récuse comme celui de faire la guerre ou tout simplement exister par parties interposées. Ce qui, avouons-le, en ferait un acteur redoutable. Durant les années 1970, l'ancien président syrien Hafed El Assad aurait même eu droit à quelques louanges de l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger qui le présentait comme le Bismark du monde arabe. Et pourtant, Damas, et jusqu'à l'heure actuelle, n'a pas pu récupérer son plateau du Golan occupé en 1967 par Israël puis annexé. Parce que juge-t-on encore, et le bombardement aérien de la capitale syrienne en 2005 en est une preuve, elle n'a pas les moyens de s'opposer à la supériorité militaire israélienne, la Syrie recourrait à d'autres procédés. Comme le fait de soutenir et d'abriter sur son territoire, des groupes palestiniens opposés au processus de paix, et d'être proche du Hezbollah libanais voire son allié et même son maître à penser puisqu'il se dit que le Hezbollah ne peut rien entreprendre sans l'aval de la Syrie. Mais ce mouvement est peut-être le seul à figurer sur la liste des alliés de Damas, laquelle en comptait d'autres, il n'y a pas si longtemps. Mais les choses ont changé, sinon qu'elles vont changer. C'est la devise d'Israël adressée au Hezbollah, mais les destinataires sont plus nombreux qu'on ne le pense. Les Etats-unis ont rapidement rappelé la Syrie et son influence sur le Hezbollah. Cela rappelle l'agression israélienne de l'été 1996 contre le Liban qui a pris fin avec la conclusion d'un accord quadripartite (Etats- unis, Syrie, Israël et Hezbollah). Mais Israël ne cesse de répéter que les conditions ont changé. Dans quel sens, pour quels objectifs et avec quels partenaires ? Depuis avril 2005, il n'y a plus de soldats syriens au Liban, mais ce pays fait indirectement l'objet de résolutions internationales comme la 1559 ordonnant le départ des troupes étrangères — et donc syriennes — du Liban menaçant sa souveraineté pour les conditions accordées aux enquêteurs internationaux chargés de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, le 24 février 2005. Il y a manifestement un jeu politique marqué par la complexité, dans lequel il s'agit de neutraliser les obstacles réels ou supposés. La Syrie, qui continue à revendiquer la restitution du Golan, appuie l'opposition palestinienne et le Hezbollah dans son face-à-face avec Israël au sud-Liban. C'est ce qui explique toute la pression sur ce pays, et qu'il soit souvent menacé.