C'est dans la vallée de la Soummam, dans la wilaya de Béjaïa, précisément sur le site de Petra (actuellement Mlakou, commune de Seddouk) —à ne pas confondre avec le site éponyme situé à Tiaret — que l'Algérie antique revient en surface, pelletée après l'autre, depuis le début des fouilles pédagogiques, apparemment très prometteuses, effectuées par une équipe d'archéologues (enseignants et étudiants) de l'université d'Alger, en mai dernier. Petra fut l'une des places fortes que le vieux roi Nubel, nommé Flavius par l'empereur romain, a partagé entre ses fils, avant sa mort en 370 J.C. Le pouvoir devant revenir à son aîné, le prince Firmus, lésé par le comte d'Afrique au profit de Sammac, prince à Petra, Firmus qui n'accepta pas le mépris des traditions locales d'alors fit assassiner le prince Sammac qui se fit faire une inscription, que l'on peut voir exposée au Musée des antiquités d'Alger, par laquelle il semble s'être mis sous la protection absolue et menaçante de Rome tout en invitant ses voisins à la paix. Et c'est ainsi que s'ensuit une guerre avec l'empire romain qui dépêcha son généralissime Théodose, qui dut mener sur plusieurs années plusieurs campagnes contre les fiefs de Firmus et de ses alliés avant d'en venir à bout. Prise par Firmus à la mort de Sammac, la place de Petra fut défendue par ses frères Dius et Macsezel contre les légions de Théodose qui l'attaqua à partir de Tubusuptu (actuellement Tiklat, non loin d'El Kseur). Les défenses défaites, Théodose pilla et saccagea Petra, à peu près en même temps que la quasi-mythique cité Lamfocte. Les problématiques liées à l'époque des princes Nubel sont importantes à plus d'un titre, qu'elles soient d'ordre anthropologique, religieux ou politiques et en rapport avec les puissances de ces temps-là. La situation du site de Petra au milieu de vestiges non encore étudiés sur les deux rives de la Soummam est à même de leur restituer leur sens historique. Et les éclairages qu'il peut apporter quant à la version des faits non prise en compte par les vainqueurs, celles des défenseurs de ce site, ancêtres des Algériens actuels dont des squelettes retrouvés parmi les ruines mises au jour témoignent peut-être de l'aprêté des combats menés par les guerriers de Firmus. Les originalités et la complexité des données du site de Petra que les récentes fouilles semblent déjà attester en promettent bien davantage. Toutes ces raisons en font un livre qu'il faut ouvrir soigneusement et sauvegarder intégralement. En somme, rien ne justifierait que l'on délapide légèrement un tel trésor de savoir qui ne demande qu'à être méticuleusement et scientifiquement exploité.Mais d'abord un peu plus protégé, en commençant par son inscription dans le PDAU de la commune de Seddouk dont il dépend, décision qui ne peut manquer d'être prise, maintenant que les récentes fouilles attestent de son importance. Et surtout épargné par la pénétrante vers Béjaïa de l'autoroute Est-Ouest dont il suffit de déplacer le tracé de quelques dizaines de mètres au plus vers le nord du centre du site de Petra, probablement sans remettre en cause la suite du tracé. Se trouvant juste après le site prévu pour un relais routier au niveau de l'EAC n°5 de l'ancien domaine agricole autogéré Chenna Mhand duquel il n'est séparé que par la nouvelle zone d'activité commerciale et industrielle de Baoualou, le site de Petra peut, en plus de son intérêt scientifique et historique indubitablement important, compléter le tableau du point de vue culturel et touristique pour un développement intégré de cette partie de la Soummam. D'ailleurs, une entrée d'autoroute peut être envisagée à son niveau au bout de la piste même menant à la briquetterie de Seddouk qui le jouxte en réalité, et d'une sortie d'autoroute par le chemin menant au puits de l'ancien groupement de mise en valeur (GMV) d'Akhenak qui peut, quant à lui, servir de voie de communication vers Ighzer Amokrane que seul le lit de la Soummam sépare du site de Petra.