Des cités comme Emir Abdelkader, Mansourah et Belle-Vue vivent le calvaire en matière de transport et restent soumises au diktat des chauffeurs de taxi ou des fraudeurs, et ce, en l'absence de transport en commun depuis plus de vingt ans. La défunte régie des transports, RMTC, qui avait desservi ces quartiers depuis 1962, a été supplantée par les transporteurs privés qui ont ignoré superbement, dès leur « intronisation », les riverains des plus anciennes cités de la ville prétextant des rues étroites et une circulation intense, ce qui est, par contre, rappelons-le, le cas de pratiquement toutes les cités de Constantine. La cité Emir Abdelkader, ex-faubourg Lamy, abrite par exemple le CHU, l'Institut de pharmacie, une dizaine de lycées, des polycliniques, la CNAS, et bien d'autres administrations où travaillent des centaines de personnes, en plus de quartiers très populeux comme El Kantara et la cité Loucif. Tout ce beau monde doit se rabattre chaque jour sur des taxis hypothétiques qui font et défont la loi à leur guise en l'absence de bus, et ce, avec le mépris affiché par la direction des transports non seulement envers la cité Emir Abdelkader mais aussi pour les deux autres quartiers cités plus haut. Un espoir est né avec la mise en service d'une nouvelle régie de transport communal, l'ETC, qui a commencé par desservir des quartiers ciblés comme Boussouf, Sidi Mabrouk et Djebel Ouahch, car les « oubliés » misaient sur la notion de service public pour être enfin desservis après une lacune ayant duré plus de vingt ans. « Nous sommes confrontés à un problème de topographie des lieux », nous dira M.Cheli, directeur de l'ETC. Néanmoins, ce problème n'est pas insurmontable, vu que des cités plus accidentées, comme Benchergui, sont desservies normalement par le privé. Cependant, nous allons soumettre très prochainement à la direction des transports des propositions pour la cité Emir Abdelkader en premier lieu, car il n'est pas normal que cette cité, sans doute la plus populeuse de Constantine, ne soit pas desservie par un transport en commun. » C'est vrai que la configuration des trois cités semble, a priori, désavantageuse, mais, quand on voit que des dizaines de bus du COUS (les œuvres universitaires), de douze mètres de long, sillonnent chaque jour et durant plus de 10 heures les rues de la cité Emir Abdelkader pour le transport des étudiants, on est en droit de se demander pourquoi ceux du privé ou de l'ETC ne peuvent pas le faire. « Nous souffrons chaque jour que Dieu fait, du manque de transport. Depuis la suppression de notre ligne, nous sommes obligés de prendre des taxis pour rentrer chez nous ou de nous rabattre sur les bus de la Cité du 20 Août et de faire par la suite une trotte non négligeable. Nous comptons sur les pouvoirs publics pour nous remettre sur leurs tablettes afin d'avoir les mêmes droits en matière de transport en commun que tous les autres quartiers, dans leur majorité plus récents que Belle-Vue ou la cité Emir Abdelkader », conclura un retraité habitant le quartier Belle-Vue.