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Le transport: un casse-tête quotidien
Constantine
Publié dans Le Maghreb le 12 - 08 - 2008


Se rendre au CHU Ben Badis de Constantine surtout à l'heure des visites est un véritable calvaire en cette période de grande canicule, déplorent de nombreux parents de malades.Contre toute logique, la ligne de transport en commun desservant cette structure de santé a été supprimée créant une situation pénalisante pour l'important flux de citoyens qui convergent chaque jour vers cette structure à caractère régional. Les familles de malades hospitalisés sont les premieres à souffrir de cet état de fait qui les met à la merci des chauffeurs de taxi dont bon nombre ne se privent pas de profiter de cette "aubaine" pour imposer leur Diktat. Le changement des horaires de visite, qui a été décalé de midi à treize heures trente, n'est pas fait pour arranger les choses surtout en cette période de grandes chaleurs. Les citoyens ayant un parent hospitalisé dans un état grave et donc nécessitant des visites quotidiennes, courent le risque de subir une insolation à attendre un hypothétique taxi à une heure de la journée où la ville se transforme en véritable fournaise, ceci sans compter la "saignée" financière que cela représente pour les petites bourses. Aucun abri n'est aménagé à la sortie de l'hôpital complètement nu de tout arbre pouvant offrir la moindre parcelle ombragée susceptible d'adoucir un tant soit peu l'atmosphère. La mise en service du téléphérique, il y a de cela plus de deux mois, n'a pas apporté la solution escomptée à l'épineux problème de transport depuis et vers le CHUC, qui dure depuis de longue années. Certes, les jolies cabines bleues survolant les gorges du Rhumel ne désemplissent pas et ont crée une agréable animation sur leur passage, mais la distance qu'elles traversent depuis la station Belkacem Tatèche jusqu'au CHUC ne dépasse guère les quelques 500 mètres à vol d'oiseau. Ce nouveau moyen de transport ne semble avoir eu de véritable impact du point de vue du transport, que pour les habitants de la cité Emir Abdelkader et ses riverains de la banlieue Est de la ville. Pour ceux qui se rendent à l'hôpital depuis les autres quartiers périphériques et même à partir de certains quartiers considérés comme centraux, le problème demeure entier et se pose avec encore plus d'acuité pour les parents de malades qui viennent des autres wilayas, notamment via la gare routière Est et Ouest et qui le vivent comme un véritable parcours du combattant, ont confié certains d'entre eux. Les citoyens rencontrés en train d'attendre un taxi devant le CHUC sont unanimes à qualifier le problème de véritable calvaire. C'est en tout cas l'avis de cette jeune fille rouge comme une pivoine, l'air pitoyable, qui s'escrime depuis un interminable quart d'heure à essayer de trouver un taxi-place pour l'amener vers la cité Boussouf dans la partie ouest de la ville : "Ils refusent de prendre les passagers qui veulent partager le prix de la course et ne prennent que les courses individuelles", se plaint-elle. Et d'ajouter : "cela fait vingt jours que notre mère est hospitalisée et autant de jours à devoir prendre un taxi à 200 DA la course, je le fais généralement à l'aller mais au retour j'essaie de trouver, autant que possible, un taxi -place car si je m'amuse à payer une course tous les jours à l'aller et au retour ça me fait 400 DA par visite rien que pour le transport, sans compter toutes les dépenses qui se sont abattues sur nous comme la foudre depuis que notre mère est hospitalisée". Un homme d'un certain âge, le corps entièrement trempé de sueur, est pour sa part prêt à payer "à la course" : "mais dès que je décline la direction où je veux me rendre, on me répond que la route est dans un piètre état de ce côté-là et qu'on ne peut esquinter son matériel pour quelques sous". Un jeune homme venu de la wilaya de Jijel en compagnie de sa soeur et de son petit frère rendre visite à leur mère hospitalisée dans un état grave, est lui aussi à bout de souffle et de nerfs de devoir courir derrière des taxis qui à chaque fois les laissent sur le trottoir : "Nous sommes carrément brûlés, au lieu de m'occuper de suivre les soins de ma mère, je me suis retrouvé moi-même chez le médecin pour une insolation qui m'a mis K.O", déplore t-il. Sa soeur, pourtant hébergée temporairement chez des parents à Constantine pour le relayer dans les visites quotidiennes, s'est retrouvée, pour sa part, à se réveiller avec des saignements du nez. "Je suis sûre que ce sont les attentes du transport sous le soleil brûlant, pour mes vas et viens à l'hôpital, qui en sont la cause", a-t-elle dit. En fait, même les travailleurs du CHUC ne sont pas épargnés par ce problème à la fois chronique et aigu de manque de moyens de transport. Une médecin résidente rencontrée sur place n'a pas manqué de le qualifier elle aussi de véritable "calvaire". A la direction des transports, le directeur par intérim dit ne pas savoir les raisons pour lesquelles les lignes de transport en commun desservant l'hôpital ont été supprimes. "Peut-être est-ce à cause du fait que les routes qui y mènent sont trop étroites et traversées par des ponts qui sont devenus trop vétustes pour supporter le poids des bus", a-t-il supputé. Un nouveau plan de circulation de la ville de Constantine est actuellement en cours de préparation, croit-on savoir. "Espérons qu'il prendra en compte une direction aussi importante que le CHU", ont souhaité des usagers se rendant quotidiennement vers cette structure sanitaire, et pour qui l'humanisation des hôpitaux tant préconisée ne relève pas que du seul ressort des responsables du secteur de la santé.

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