La rencontre qui a eu lieu le 28 août dernier avec les représentants des syndicats au ministère de l'Education nationale a laissé un goût d'inachevé. En effet, ils ont tous la conviction que l'Etat cherche à gagner du temps, particulièrement sur les énormes tensions sociales. Il cède à quelques revendications mais il semble ne rien lâcher de fondamental en faisant du neuf avec du vieux. La majorité souligne que Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, est animée de bonnes intentions pour faire avancer les dossiers mais dans les faits, sa marge de manœuvre est réduite. En clair, pour sortir de l'impasse, il faut une courageuse décision gouvernementale. Pourtant, lors du dernier Conseil des ministres qui s'est tenu la semaine dernière, le président de la République a instruit le gouvernement afin de «prendre toutes les mesures requises pour assurer les rentrées scolaire et universitaire dans des conditions pédagogiques et matérielles parfaites». Contacté par El Watan, Meziane Meriane, porte-parole du Snapest, est un peu sceptique : «On a reçu les mêmes réponses qu'auparavant. La seule différence, c'est qu'avant, on les avait de façon orale, maintenant, on les a de façon écrite. Les grands dossiers restent malheureusement en suspens : classification des professeurs de l'enseignement secondaire (PES), primes et indemnités du Sud et les dossiers des professeurs de l'enseignement technique. On fait référence au blocage de la grille des salaires et que les mesures doivent être prises pour tout le monde et non pas uniquement pour l'éducation.» Notre interlocuteur avoue : «Il y a une oreille attentive et une volonté de changer les choses mais force est de reconnaître que certains dossiers dépassent les prérogatives de la ministre de l'Education (finances, Fonction publique).» Et d'avertir : «Si l'Etat cherche une stabilité, il doit trouver des solutions opérationnelles». Selon lui, «la rentrée scolaire aura lieu sans grabuge mais l'année scolaire 2014/2015 ne va pas connaître de stabilité. On n'a pas évolué d'un iota. Quand on nous parle d'équilibre budgétaire, il doit s'appliquer à tous et pas seulement au bas salaire». Si d'une manière générale, le dialogue n'est pas rompu, le centre de décision n'est pas au niveau du ministère de l'Education. Contacté, Messaoud Amrani de l'Unpef a déclaré : «Nous avons eu droit à des copier-coller des anciens PV. On nous a promis de répondre à d'autres points en octobre ! On s'est mis d'accord pour faire une relecture du PV qui nous a été remis et d'y répondre par écrit. Nous allons soumettre cette question au conseil national pour prendre des décisions fin septembre.» Ainsi, sans le dire ouvertement, il n'écarte pas l'option de la grève. Selon lui, «on décèle des ambiguïtés et un manque de franchise de la part des pouvoirs publics. On nous donne pratiquement les mêmes réponses depuis des mois. On recule l'échéance, qu'est-ce que cela veut dire ? Si cette situation persiste, l'année scolaire connaîtra des perturbations qui auront de fâcheuses répercussions sur le cursus scolaire des élèves». Idir Achour du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) nous a dit que le CLA n'a pas rencontré la ministre le 28 août malgré la programmation de l'entrevue à 16h30. «Après trois heures d'attente, nous avons quitté le ministère. On nous a rappelé pour fixer un nouveau rendre-vous demain à 17h. Mais nous avons l'impression que les solutions ne sont pas entre les mains de madame la ministre.» Simple impression ? En tout cas, à travers leurs déclarations, les syndicats ont conscience que le système éducatif ne pourra évoluer qu'au rythme des transformations sociétales et de la volonté politique.