Les services d'investigation des Renseignements généraux de la police, du DRS et de la gendarmerie enquêtent actuellement sur le courant salafiste djihadiste «non organisé» pour définir ses «capacités à soutenir les groupes armés islamistes en Algérie ou à l'extérieur», selon une source sécuritaire. Ces enquêtes se sont intensifiées depuis l'apparition du groupe Jund Al Khilafah, qui a revendiqué l'assassinat du Français Hervé Gourdel. «Par ‘non organisé', nous ciblons les éléments salafistes non structurés, précise la source, d'autant que les groupes armés sont très actifs à travers leur propagande sur le web pour enrôler de nouvelles recrues ayant ce profil.» Ces enquêtes couvrent 22 wilayas du pays, dont trois du Sud, à savoir El Oued, Laghouat et Ghardaïa. Ces wilayas ont été sélectionnées par les enquêteurs au vu du nombre de partisans ayant rejoint récemment les groupes de Daesh ou de Jabhat Al Nosra, en Irak et en Syrie particulièrement. Alger, Sétif, Boumerdès, Oran et El Oued figurent parmi les wilayas les plus sensibles. La traque, selon notre source, se déploie sur le web mais se concentre aussi sur certaines mosquées réputées accueillir des salafistes extrémistes. Deux catégories sont sous la loupe des services d'enquêtes civiles et militaires : d'abord ceux qu'AQMI qualifie d'«Ançar», ou réseaux de soutien, ensuite vient la catégorie des «loups solitaires», c'est-à-dire des éléments convaincus du djihad, mais qui n'ont pas encore sauté le pas. Ce sont ces derniers qui activent sur le web, à travers les forums djihadistes, en publiant et en amplifiant la propagande des groupes armés. Les «loups solitaires» attirent particulièrement l'attention des enquêteurs, car ils les soupçonnent d'activer également sous le couvert de «daâwa» religieuse inoffensive en apparence. Ces enquêtes sont également coordonnées, selon notre source, avec les pays voisins et des puissances occidentales concernées par le recrutement sur leur territoire de djihadistes envoyés en Syrie ou en Irak.