le P/APC de Taourit-Ighil et Hanoune Rachid, le P/APC de Béni-Ksila, après avoir salué le sacrifice des Algériens pour l'indépendance du pays, ont exprimé leur vœu de gagner, maintenant, une autre guerre: celle contre le sous-développement. Samedi 1er novembre, 10 heures du matin, le lieudit Lambert, point de jonction des communes Adekar, Tifra et Taourirt-Ighil, où se dresse avec pavoisement un monument aux martyrs, est envahi par une foule bigarrée. Autorités civiles et militaires, ONM, ONEC, groupes de scouts d'Ikhettaben et d'El-kseur, citoyens lambda des différents villages de la région étaient là pour honorer de leur présence la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la révolution, organisée par l'APC de Taourirt-Ighil en partenariat avec la coordination du mouvement associatif et des comités de village de la commune. Au menu de cette cérémonie, recueillement aux cimetières des chahids, témoignages d'anciens moudjahidine, exposition de livres sur le thème de la révolution, inauguration d'une stèle commémorative, représentations scoutes, baptisation d' axes routiers aux noms de onze chahids, conférences traitant de l'insurrection de 1871 et de la guerre d'indépendance … Sur les lieux, c'est la joie des retrouvailles et du sentiment de participer à une action méritoire envers la mémoire des martyrs . Rachid Adjaoud, ex-officier de l'ALN et compagnon du colonel Amirouche, invité d'honneur de cette commémoration, répond par intermittence aux questions de l'assistance et se plie cordialement aux séances photos. Ait Sidi-Seïd, la douleur au présent Dépôt de gerbe de fleurs, hymne national, minute de silence et le cortège composé de plus d'une cinquantaine de véhicules dont 4 bus s'ébranle vers le village Cheurfa pour procéder à l'inauguration du monument commémoratif érigé à la mémoire des martyrs. La cérémonie inaugurale a été ponctuée par des chants patriotiques entonnés par la chorale du groupe scout Hocine Salhi d'El-Kseur et les allocutions de circonstance prononcées par le chef de la Daïra d'Adekar, le P/APC de Taourirt-Ighil, le chef du détachement militaire, le chef de la brigade de la gendarmerie, le chef de la BMPG, le responsable de la protection civile, les représentants de l'ONM et de l'ONEC et le vice-président de l'APC de Cheraga, venu spécialement pour participer à cette célébration. La troisième étape de la procession est Ait Sidi Seïd, un petit village reculé de la commune, qui vit quasiment en marge du développement. En novembre 1956, le village a enduré la plus grande épreuve de son histoire. Après un accrochage avec une unité de l'ALN venue se reposer et se sustenter dans le village, l'armée française a poussé l'horreur jusqu'à entasser onze personnes dans une maison, et à les carboniser après avoir forcé les habitants à aller chercher eux-mêmes des rameaux et du bois sec qui avaient servi pour cet horrible crime. Les deux vieux qui ont livré des témoignages sur cet épisode douloureux n'ont pas manqué d'exprimer leur vœu de voir la stèle qui porte les noms de ces martyrs réaménagée. «Construite à l' endroit même qui sert de refuge aux moudjahidine, cette stèle risque de s'écrouler à tout moment. Nous demandons aux autorités de la rénover dans les meilleurs délais» plaide l'un des habitants du village. En voyant l'état de dénuement qui caractérise le village et en écoutant les témoignages des habitants, Rachid Adjaoud n'a pas pu retenir ses larmes. «C'est inacceptable qu'après cinquante ans après d'indépendance, on n'est pas encore arrivé à offrir une vie décente à nos populations» nous dit-il. «L'histoire qu'a vécue ce village mérite d'être traduite en film» déclare Amoura Amar, le P/APC, après s'être engagé à restaurer la stèle commémorative et à faire divers aménagements dans le village. Après Ait sidi-Seïd, le cortège s'est mis en route vers Tizi-El Korn, ultime étape de ce parcours commémoratif. Au monument commémoratif érigé au centre du village, après avoir observé une minute de silence à la mémoire des martyrs, l'assistance a écouté dans le recueillement des chants patriotiques exécutés par les scouts d'El-Kseur. D'une révolution à une autre 1871,1954 deux grandes dates de l'histoire du pays. La deuxième doit sa naissance à la première. C'est ce qu'a montré dans sa conférence Ali Battache, auteur de l'ouvrage «La vie de cheikh El Haddad et l'insurrection de 1871». Selon le conférencier, sans l'insurrection de 1871 avec son lot de destructions, d'expropriations et d'effusion de sang, le mouvement national n'aurait pas connu le même cheminement. «1971 a été la date fondatrice de l'unité nationale» martèle-t-il. Lui succédant, Rachid Adjaoud s'étalera sur quelques épisodes vécus par la wilaya III durant la révolution après avoir exprimé sa satisfaction devant l'engouement remarqué chez les jeunes générations pour l'histoire. De la bleuïte à l'indépendance en surfant sur des anecdotes liées à l'écriture de l'histoire, Rachid Adjaoud a évoqué divers sujets non encore démêlés par les historiens. Pour leur part, le P/APC de Taourit-Ighil et Hanoune Rachid, le P/APC de Béni-Ksila, après avoir salué le sacrifice des Algériens pour l'indépendance du pays, ont exprimé leur vœu de gagner, maintenant, une autre guerre: celle contre le sous-développement. Satisfait du déroulement de ces festivités, Ali Mohand El Hocine, la cheville ouvrière de cette manifestation, nous déclare que cette célébration populaire, unitaire et fraternelle restera gravée dans les annales de la région.