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Ces Algériens oubliés dans les prisons irakiennes
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Publié dans El Watan le 14 - 11 - 2014

Une dizaine d'Algériens sont détenus depuis des années en Irak. La LADDH et leurs familles se mobilisent pour extirper leur cause des mécanismes boiteux de la diplomatie.
«Mon mari est détenu depuis 2005 et chaque jour qui passe l'éloigne de la liberté. Je n'en peux plus des promesses des diplomates algériens et irakiens. Ils nous mènent en bateau depuis des années. Que dois-je dire à mes trois filles qui ne comprennent pas pourquoi leur père est détenu dans un pays étranger, alors qu'il n'a rien fait de répréhensible ?», déplore l'épouse de Mohamed Ouabed, en réaction et en soutien au nouveau rapport de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) qui pointe l'indifférence manifeste de nos autorités sur le sort des Algériens détenus, torturés en Irak et oubliés par nos autorités.
«La diplomatie algérienne a échoué à récupérer les détenus algériens en Irak», écrit Kaddour Houari, secrétaire national à la LADDH, chargé des dossiers spécialisés. «Les autorités algériennes ont tourné le dos et demeurent inertes devant la situation des ressortissants algériens emprisonnés en Irak», lit-on dans le rapport. Cette situation a conduit «la LADDH à prendre en charge ce dossier», qui «compte employer tous les moyens pour faire la lumière sur l'affaire des prisonniers algériens incarcérés arbitrairement dans les prisons irakiennes».
Officiers US
L'affaire Mohamed Ouabed illustre parfaitement cet état de fait. La LADDH est décidée à faire toute la lumière sur ce dossier gênant. Mohamed Ouabed est un Algérien originaire de la ville de Ténès, dans la wilaya de Chlef. Commerçant de son état, il a été arrêté le 18 mai 2005 par des membres des forces armées américaines. «Il a été tout d'abord emmené à l'aéroport de Mossoul où il a été détenu au secret durant dix jours. Mohamed Ouabed déclare avoir été torturé durant cette période par les mêmes officiers américains qui l'ont arrêté, mais aussi par des éléments des services de sécurité irakiens qui étaient soit en civil, soit portaient l'uniforme américain», rapporte la LADDH.
L'organisation signale, d'après le témoignage du détenu, qu'il a été «violemment frappé, insulté et menacé de mort ; il a été plusieurs fois suspendu par les pieds pendant une longue période et torturé au moyen de décharges électriques sur tout le corps. Il a ensuite été emmené à l'aéroport de Baghdad où il a été remis à d'autres officiers américains pour être interrogé de nouveau : il a été forcé de se dévêtir complètement puis, pieds et mains liés, il a été placé dans une pièce décrite comme une ‘boîte noire'. Ne lui laissant aucun répit, ses tortionnaires lui ont de nouveau fait subir des traitements inhumains pour le forcer à écrire une déposition dans laquelle il reconnaissait être venu en Irak pour ‘actes de résistance'».
Ongles arrachés
Depuis son arrestation en 2005, Mohamed Ouabed a été transféré de la prison en prison : d'Abou Ghraïb à une caserne militaire dans le sud de l'Irak, puis retour à Abou Ghraïb et enfin transfert à la prison militaire de Soussa. Le ressortissant algérien a demandé à être assisté d'un avocat de son choix, mais les autorités du centre de détention ont toujours refusé d'accéder à sa requête. Il communiquait avec sa famille grâce à la Croix-Rouge et, aujourd'hui, il arrive à échanger avec son épouse. «Je ne lui parle pas souvent, mais au téléphone il ne se confie pas à moi et ne me dit pas ce qu'ils lui font subir. Il préfère le dire à sa soeur pour ne pas m'inquiéter sans doute», confie Mme Ouabed, qui se résigne parfois à la lenteur des mécanismes qu'emploie le corps diplomatique et qui font traîner l'affaire de son époux.
«L'Etat irakien libère au compte-gouttes nos détenus, une dizaine à peine, alors que la situation dans le pays est de plus en plus dangereuse. Que deviendront-ils si ce pays s'effondre ? Ce problème était censé être réglé depuis longtemps. Pourquoi mettent-ils autant de temps ?», s'inquiète-t-elle. Il faut savoir que plusieurs détenus algériens sont morts en détention des suites de tortures. La LADDH parle de «coups portés avec des câbles et des tuyaux, suspension prolongée par les membres, administration de chocs électriques sur des parties sensibles du corps, fracture de membres, arrachage d'ongles, asphyxie, utilisation de perceuses sur le corps et torture psychologique comme la menace de viol».


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