Des représentants de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), regroupant des partis de l'opposition et des personnalités, ont annoncé la tenue, aujourd'hui, d'une rencontre avec la délégation de l'Union européenne à Alger. La médiatisation de ce contact entre les deux parties révélé par les responsables de la Coordination vise manifestement deux objectifs essentiels. Le premier, à démontrer que ce rassemblement de l'opposition est reconnu par les partenaires étrangers influents de l'Algérie en tant que force politique (alternative ?) dans la recherche d'une solution à la crise politique et institutionnelle qui secoue le pays. Le second, à jouer la carte de la transparence pour anticiper les réactions hostiles que ne manquera pas, sans nul doute, de susciter cette initiative de la part des relais politico-médiatiques du pouvoir qui vont crier à la trahison et à l'ingérence dans les affaires intérieures du pays. On se rappelle l'embarras qu'avait suscité au sein du pouvoir, la veille de l'élection présidentielle d'avril dernier, la rencontre du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avec l'ancien chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali au domicile de ce dernier. Même le parti du pouvoir, le FLN en l'occurrence, autoproclamé dépositaire de la souveraineté nationale et qui ne rate aucune occasion de le rappeler à ceux qui prennent des libertés avec cette constante nationale, ne se formalise plus pour passer outre cette convenance politique qui tenait lieu de dogme. Son secrétaire général, Amar Saadani, avait reçu, il y a peu au siège du parti, le nouvel ambassadeur de France à Alger. Ceci pour dire que ce n'est pas la première fois que des représentants de la classe politique, proche du pouvoir ou celle issue de l'opposition, sont reçus au niveau des chancelleries étrangères. Cela fait partie des activités normales des partis politiques comme des diplomates. L'important, c'est que cela se fasse dans le respect mutuel des intérêts communs. Quelle que soit la partie invitante à la rencontre d'aujourd'hui – la coordination ou l'UE – un fait mérite d'être relevé : la CNLTD passe désormais à une autre phase de son combat politique. Cela, après avoir concentré toute son activité depuis sa création à se déployer en interne, en rassemblant les forces politiques qui la composent et en mettant en œuvre une plateforme d'actions pour la transition démocratique, s'appuyant sur la mobilisation citoyenne. D'un autre côté, le fait que l'UE se départisse de sa neutralité dans le bras de fer qui oppose l'opposition au pouvoir en recevant des forces politiques, dont la vision de la transition démocratique passe par une nouvelle élection présidentielle et le départ de Bouteflika, pourrait donner matière à des lectures politiques qui n'apparaissent pas dans les déclarations officielles de circonstance des partenaires étrangers de l'Algérie. D'autant que ces personnalités ne sont pas reçues séparément mais en qualité de représentants d'un rassemblement politique de l'opposition. Les dernières audiences de Bouteflika de personnalités étrangères dont celles des nouveaux ambassadeurs étrangers accrédités en Algérie, qui sont reçus ces jours-ci à la queue leu leu à la présidence de la République, ont-ils perçu dans l'état de santé du Président des signes de fin de règne qui auraient pu justifier l'intérêt porté par nos partenaires à la voix de l'opposition ?