Après Youcef Chahine (Bab El Hadid), Bresson (Au hasard Balthazar), Kurozawa (Barberous), Griffith (The Yellow Man and The Girl), voici l'Aurore de Friedrich Wilhem Murnau qui date de 1927. Un film muet, noir et blanc, avec accompagnement musical. Prenant ses racines dans le mouvement expressionniste allemand, l'Aurore (titre original : Sunrise, A Song of Two Humains), qui fut le premier film de Murnau fait aux Etats-Unis, est une histoire de rédemption d'un jeune homme de la campagne qui est attiré par une vamp de la ville. Jouée par des acteurs impressionnants (George O'Brien, Janet Gaynar, Margaret Livingstone…) et tournée dans des décors où Berlin des années 1920 est reconstitué dans une symphonie frémissante de lumières, de dancings, de bars, de tramways, l'Aurore est une œuvre d'une poésie grandiose. La mise en scène est palpitante. Et le récit de l'homme qui veut noyer sa femme, puis y renonce est raconté par Murnau dans une esthétique tellement éblouissante (notamment la métaphore de l'attirance de la ville, de l'exode) que le spectateur oublie toute la noirceur de l'acte. Si les oscars existaient en 1927, l'Aurore aurait gagné l'ensemble des prix. Au Festival de Locarno, l'Asie fait de nouveau son grand show. Plus de 40 films sont montrés ici en provenance de Chine, du Japon, d'Indonésie, de Malaisie, de Corée du sud, de Thaïlande et de Singapour. Par ailleurs, The Asian Film Business est actif, tous ses films sont à vendre. Les Asiatiques vendent leurs films mais aussi les droits pour des remakes. De plus en plus d'Américains achètent la possibilité de refaire les grands succès de Hong Kong ou de Corée. A la sauce d'Hollywood. C'est ce que les Américains appellent The remake fever (La fièvre du remake). Hollywood a engagé tout un bataillon de scénaristes pour la cause. Un célèbre producteur américain Irving Thalberg disait : « Movies are not made, the are remade » (les films ne sont pas faits, ils sont refaits). Mais qui pensait qu'un jour les films d'Hollywood prendraient leurs sources en Asie ? Il y a peu de temps The Grudge et Dark Water, remakes de films japonais d'horreur, ont fait un tabac en Amérique. L'Argentin Alessandro Agresti, qui travaille maintenant à Hollywood, vient de tourner avec Sandra Bullock et Keanu Reeves The Lake House, et le film est un remake d'un grand succès sud-coréen. Parfois, Hollywood recrute le cinéaste d'origine pour refaire un film identique mais de sensibilité américaine. C'est ainsi que le Japonais Takashi Shimizu a refait une autre version de son film d'horreur The Grudge devenu The Grudge 2.