La sortie publique du ministre de l'Industrie et des Mines, qui s'exprimait hier sur un ton grave, à propos de la chute des prix du pétrole et de la nécessité de relancer en urgence «la production nationale» et diminuer les dépenses et les importations superflues, renseigne sur le degré d'inquiétude du gouvernement. Après avoir joué pendant des mois la carte de l'optimisme, le gouvernement se rend à l'évidence et appelle, par la voix de Abdessalem Bouchouareb, à «la mobilisation générale» pour limiter les dégâts. Lors d'une réunion tenue hier avec les représentants de toutes les organisations patronales et de la centrale syndicale, le ministre de l'Industrie a instruit ses partenaires de la nécessité de se concerter pour «proposer des solutions claires au gouvernement» en vue de faire face à la nouvelle conjoncture. Celle-ci, a-t-il estimé par ailleurs, impose au gouvernement «de revoir immédiatement sa politique et de trouver des solutions de relance de la production nationale et de substitution aux importations». Il souligne qu'il est «inadmissible» que le secteur public, ayant bénéficié de programmes d'assainissements importants, ne participe actuellement «pour certains de ses segments, qu'à 10% à la satisfaction des besoins nationaux». Il appellera à la participation effective du secteur privé à l'effort national de relance de la production, relevant en outre que «les entreprises privées sont plus que jamais sollicitées» pour faire face aux difficultés qui s'annoncent pour le pays. Il estime aussi qu'«il faut trouver des solutions dans toutes les niches économiques». Il fera allusion également à un possible recours au dumping pour protéger la production nationale, en jouant sur certains tarifs douaniers comme le font des pays comme «la Chine, la Suède ou la Finlande qui, malgré leur adhésion à l'OMC, baissent et augmentent certains tarifs» selon la conjoncture. Il a averti à ce propos qu'«aucune contrainte qu'elle soit interne ou externe ne peut empêcher le gouvernement de faire ce que font d'autres pays». M. Bouchouareb préconise donc de recourir au protectionnisme pour faire émerger la production nationale alors que celle-ci est actuellement quasi inexistante et que les entreprises disloquées au gré des privatisations hasardeuses, puis mises sous perfusion, pour celles qui ont survécu, par le biais de multiples plans d'assainissement inefficients, ne représentent qu'une infime partie de la production nationale et sont incapables de faire face à la concurrence des importations anarchiques. Le ministre a également appelé à «dépasser les discours pour aller vers les actes» en proposant notamment «une série de mesures pour doper la production locale» et booster la consommation de produits algériens. Or le temps est plus que compté au vu de la gravité de la situation, et ce n'est pas une mesure telle que la réactivation du crédit à la consommation, quels que soient ses effets bénéfiques sur la tendance de consommation des ménages, qui va assurer la protection de l'économie nationale contre les effets de la baisse drastique des recettes de pétrole et de gaz. Le ministre, qui prévoit d'autres réunions avec le patronat et l'UGTA autour d'un train de mesures à appliquer pour relancer la production nationale, n'a pas détaillé les actions à venir préférant les annoncer «lors du Salon de la production nationale prévu du 24 au 28 décembre». Il précisera, dans une déclaration à la presse, que les mesures en question émaneront du comité dédié à la production nationale issu de la dernière tripartite gouvernement-patronat-UGTA. Celle-ci avait notamment décidé le «rétablissement du crédit à la consommation et la mise en œuvre du dispositif réglementaire pour le début de l'année 2015», «la promotion et la protection de l'économie nationale par la production de normes techniques de qualité et de règles de défenses commerciales», ainsi que «la promotion de partenariats public et privé nationaux et étrangers dans le cadre de la législation nationale en vigueur». Des mesures qui datent de plusieurs mois et que le gouvernement va certainement remettre au goût du jour pour tenter de donner le change dans la conjoncture actuelle difficile.