Les pouvoirs publics pensent déjà à l'après-2009. Du moins c'est ce qui ressort de l'intervention du ministre des Finances, Mourad Medelci, lors de sa visite de travail à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), qui est passé sous la tutelle de son département depuis un mois sur décision du président de la République. Après le plan de soutien à la relance économique et le programme pour la consolidation de la croissance économique, il est question de former les cadres des différentes administrations en matière de prospective et d'intelligence économique afin de dépasser la phase transitoire qui a tendance à perdurer. Les autorités ont vraisemblablement pris conscience de l'importance des ressources humaines. « Nous avons les ressources financières, mais cela ne suffit pas », a souligné M.Medelci. En d'autres termes, il ne suffit pas de dormir sur un important matelas financier s'il n'y a pas de vision à moyen et à long termes pour le pays. « Tous les pays libéraux émergeants ont réussi avant une vision et une stratégie au départ », a-t-il affirmé. L'Algérie a beaucoup de retard dans le domaine, a-t-il regretté. Un retard dont l'ampleur a été révélée par les importantes ressources financières qui ont été engrangées ces dernières années. M.Medelci a signalé que son secteur est le premier demandeur en matière de planification, étant donné qu'il est chargé de la préparation de la politique budgétaire pluriannuelle. Pour arriver à une meilleure « soutenabilité » d'un programme pluriannuel, il est nécessaire d'amorcer la modernisation du système budgétaire, a souligné encore le grand argentier du pays. Pour ce faire, les efforts doivent être concentrés sur l'amélioration de la qualité de l'encadrement, a-t-il suggéré. « Une planification mal appliquée peut affecter l'efficacité d'un programme voulue par le gouvernement ou un opérateur public », a ajouté M. Medelci. Dans ce sillage, il a déclaré : « Après avoir été très fort dans un système de planification centralisé, nous sommes très faibles dans un système de planification moderne. » Une bonne planification est celle basée sur la réalité, c'est-à-dire sur des informations fiables, a-t-il dit. Cet état de fait ne peut être possible sans l'existence d'un système d'information crédible, a relevé le ministre des Finances. Il a annoncé dans la foulée « le renforcement des liens entre l'Office national des statistiques et les différentes administrations (douanes, impôts, sécurité sociale) » afin que celles-ci mettent à la disposition de cet organisme toutes les informations qu'elles ont à leur disposition sur leurs domaines respectifs. Il n'a pas exclu le recours aux expériences étrangères afin de mieux « affiner l'information, l'Algérie ayant perdu de vue les progrès qui ont été réalisés en la matière ». Les instituts de formation, entre autres l'ISGP dont il était fort question hier, seront les instruments pour atteindre ces objectifs. L'ISGP sera associé dans la réflexion sur la prospective et l'intelligence économique, a souligné pour sa part le directeur général de cet institut qui collabore avec un réseau de 140 consultants. Ces derniers assurent annuellement 20 000 heures de formation. Il a estimé les besoins en la matière à 20 millions d'heures tous secteurs confondus. Le ministre des Finances a révélé, par ailleurs, qu'un programme de formation pour les cadres de son secteur a été élaboré pour la période 2006-2009. Près de 20 000 personnes issues des administrations des impôts, des domaines et des douanes sont concernées.