Au moment où les cours du brut poursuivent leur lente glissade, la question des subventions à l'énergie se pose avec de plus en plus d'acuité. Car si les cours du brut ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis juin dernier, notre consommation ne fait que croître. Une problématique qui ne fait que s'aggraver sachant que nous importons des carburants pour faire face aux besoins du marché domestique. Le dernier rapport annuel de Sonatrach relance de fait la polémique en annonçant une hausse des subventions d'équilibre devant couvrir les pertes générées par la différence entre les coûts d'achat des carburants importés et leur prix de vente administré. Sachant que Sonatrach est seule habilitée à importer les carburants pour la couverture de la demande nationale, ses «subventions d'équilibre» ont augmenté de 3,6%, passant de 360 milliards de dinars en 2012 à 373 milliards de dinars (soit près de 5 milliards de dollars) en 2013, sachant que l'Algérie a importé pour 3,5 milliards de dollars de carburants en 2013. Si pour l'année 2014, les chiffres des Douanes algériennes font état d'un recul de près de 38% des importations de carburants et lubrifiants (près de 2,5 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de l'année 2014), la problématique des subventions aux carburants demeure entière. D'autant que le rythme de progression de la demande sur le marché national semble lié principalement à deux facteurs : le penchant des Algériens pour les véhicules neufs, mais aussi et surtout l'étendue d'un marché qui transborde les frontières nationales pour alimenter les pays frontaliers à l'ouest, l'est et le sud du pays. L'Algérie est en fait le troisième pays au monde où le carburant est le moins cher. A titre d'exemple, le litre de gasoil est vendu à la pompe 0,13 euro et le litre d'essence autour de 0,20 euro en Algérie, contre 0,87 et 1,37 euro au Maroc. Il n'en faillait pas plus pour voir les réseaux de contrebandiers fleurir, profitant de la manne. D'ailleurs, la contrebande de carburants coûte près d'un milliard d'euros par an à l'Algérie, des ressources budgétaires précieuses qui devraient être orientées vers des activités plus productives au lieu d'alimenter les commerces illicites aux frontières. Bien que l'Algérie ait renforcé, au cours du dernier trimestre 2014, la réglementation portant sur la lutte contre la contrebande, l'appât du gain semble encore bien trop important pour que les sanctions dissuadent les éventuels contrebandiers. Cependant, si les subventions à l'énergie sont à l'index, leur levée risque de s'avérer extrêmement délicate du fait de l'inflation que celle-ci risquerait de générer. Effet collatéral que le Fonds monétaire international (FMI) reconnaît d'ailleurs. L'Algérie est l'un des pays qui subventionnent le plus les produits énergétiques dans le Monde arabe ; des subventions implicites qui sont évaluées à plus de 10 milliards de dollars. Si le gouvernement se refuse à se pencher sur cette question, prétextant la dimension sociale d'une levée des subventions et la nécessaire préservation du pouvoir d'achat des ménages, il n'en demeure pas moins que dans la situation actuelle du marché pétrolier et du déficit à venir d'un système de subvention mieux ciblé, permettant de réorienter certaines ressources vers des activités susceptibles de créer de l'emploi et de la valeur ajoutée tout en protégeant les couches les plus défavorisées des effets de l'inflation, ne serait pas malvenu.