Les superviseurs se suivent mais la crise reste la même au FLN qui, à Oran, semble s'enliser davantage. La visite de M. Daâdoua, député et président du groupe parlementaire du parti de Belkhadem, effectuée dans une totale discrétion, a été contestée par l'aile des redresseurs que dirige le colonel Abid, actuel occupant de la mouhafada du parti. Hébergé au complexe touristique Les Andalouses, il séjourne depuis samedi à Oran et a effectué plusieurs sorties dans certaines communes avec toujours autant de discrétion. Le témoignage du SG local de l'Association des condamnés à mort à l'appui, M. Abid affirme qu'il a rencontré, dimanche 13 août, l'émissaire d'Alger dans sa chambre aux Andalouses et que ce dernier lui aurait signifié que rien ne se ferait sans lui. Aussi, en principe, la concertation devait se faire au sein même de la mouhafadha. Alors que les PV d'installation de 37 kasmas ont été envoyés aux instances centrales du parti (la partie adverse dit avoir envoyé les PV de 39 kasmas), l'aile de M. Abid croyait que M. Daâdoua était venu valider et installer officiellement les bureaux de ces instances de base. Officiellement, c'est M. Saïdani, président du Parlement, en personne qui est désigné comme superviseur à Oran. « Saïdani rah m'replié (Saïdani se tient à l'écart, ndlr) », devait avouer le colonel avant de confier à l'issue d'une rencontre avec ses cadres, tenue à la mouhafadha qu'il occupe, que le superviseur officiel lui a signifié, lors d'une rencontre tenue à Alger entre les deux hommes, qu'il se déplacerait à Oran et que, par respect pour son rang d'ancien moudjahid, il lui rendrait visite à son domicile. Annoncé il y a quelques mois, M. Saïdani a finalement évité de venir à Oran et le déplacement impromptu de M. Daâdoua n'a fait qu'envenimer une situation déjà tendue. Ce dernier est accusé de ne pas disposer d'un ordre de mission lui conférant la qualité de superviseur et de « rencontrer des maires au sein des APC en compagnie de gens faisant partie du monde de la rente et des affaires ». C'est ce qui est sanctionné dans un communiqué de protestation émis hier et destiné au secrétaire général du parti. Pour cette aile, M. Daâdoua ne représente tout simplement rien et n'a pas à s'immiscer dans les affaires du parti à Oran, encore moins dans celles des assemblées élues qui ne concernent pas uniquement le parti FLN. Cette propension des cadres du parti FLN à organiser des réunions partisanes au sein des structures de l'Etat a été déjà dénoncée lorsqu'une rencontre similaire a été organisée au sein de l'APC d'Oran par l'ancien superviseur. Par ailleurs, en juin, un regroupement de réconciliation a été organisé dans une salle de sport à Mediouni. Là, on devait annoncer la fin de la mission de la commission de wilaya chargée de restructurer la base du parti. L'aile contestatrice n'a pas pris part à cette rencontre à laquelle a néanmoins participé la coordination des comités de soutien au programme présidentiel. A un moment, un cadre de cette dernière instance avait même proposé son annulation. Le regroupement a finalement eu lieu, mais la crise subsiste. La tentative de M. Daâdoua consiste pour certains à essayer d'ajouter des noms aux composantes des bureaux de kasma déjà installés alors que pour d'autres, il s'agit d'une simple vérification de la conformité des noms proposés aux commandes des kasmas. Mais le black-out qui a caractérisé sa venue à Oran accentue les suspicions des parties adverses. Avec deux listes différentes pour les mêmes kasmas, le conflit n'est pas près de se dissiper.