La situation de la wilaya de Souk Ahras en termes de sauvegarde de son patrimoine et ses acquis d'antan n'est pas au cœur des préoccupations majeures des organisateurs des festivités conjoncturelles. La montée en force de ces entités-bon de commande a réussi à travestir tous les créneaux. C'est une wilaya qui laisse en désuétude une bonne partie de son butin de guerre, au point d'assumer la régression et finir par croire en son apathie maladive. Des disciplines sportives telles que la boxe et le cyclisme avaient leurs champions avant et après le déclenchement de la Révolution. Parmi eux, des compétiteurs de renommée et des militants de la cause nationale, qui ont marqué l'histoire, sans rien demander en contrepartie. On n'en garde que des anecdotes et des photos de personnes anonymes jaunies par le temps. «Les Tabet, les Djemel, les Sahraoui, et plusieurs noms qui ont laissé leur empreinte dans le domaine sportif auraient pu servir de modèles pour perpétuer l'école et contribuer à une diversité salutaire pour l'essor pluridisciplinaire de la région», estime Si Mustapha, un ancien cycliste. Le rugby, cette autre discipline sportive, qui avait ses champions, a été également livrée à l'usure et à l'ingratitude des hommes. Point de club, ni même un détour lors des présentations officielles du patrimoine sportif de Souk Ahras. Un hippodrome de l'ancienne époque est sacrifié depuis trois décennies sur l'autel d'une conception purement mercantile de la chose, et c'est en grignotant des centaines de mètres carrés de cet espace au profit de quelques organismes publics, des organisations de masse, des constructeurs privés, et tutti quanti, qu'on est arrivé à effacer de la mémoire collective ces longues joutes équestres et ces fantasias, où le bruit du baroud se mêle au hennissement des juments danseuses. Des razzias ininterrompues contre le beau ont tout dépravé.