A yant usé toutes les voies légales de recours, le collectif des agents de police radiés dans les années 1990 à 2000 revient à la charge pour rappeler au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, puis au DGSN, Abdelghani Hamel, leurs promesses formulées pour le traitement de ce dossier. Au lendemain de la marche de la police sur le Premier ministère, en octobre 2014, M. Sellal avait pris une série de mesures dont l'une d'elles, portant le n°5, est relative à la situation des agents rayés de ce corps constitué. Cette mesure stipule que «concernant la réhabilitation des agents radiés, tout recours doit faire l'objet d'étude de la part des services compétents auprès du ministère de l'Intérieur et de la DGSN, sauf les cas dont la justice a statuer définitivement». Pour les concernés, l'espoir renaît après des années de procédures et de démarches. Ils sont 5000 à l'échelle nationale et quelque 300 dans la wilaya de Constantine à attendre depuis plus de deux décennies une réhabilitation qui tarde à se concrétiser alors qu'à maintes reprises, elle a été à portée de main. «Il suffirait juste d'appliquer les décisions émises par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et la Direction générale de la Sûreté nationale», d'après certains concernés qui se sont adressés à notre rédaction. Sans avoir été convoqués par le conseil de discipline, ils ont été révoqués pour diverses raisons, dont un groupe de 19 agents pour accointance avec la mouvance terroriste. Emprisonnés pendant dix-huit mois, ces agents ont fini par être innocentés par la justice. D'autres ont été rayés du corps de la Sûreté alors qu'ils étaient en congé de maladie ou hospitalisés. Une semaine avant son assassinat, Ali Tounsi avait signé, le 18 février 2010, une décision portant création d'une commission d'éthique et de déontologie policière, chargée de réexaminer les dossiers des cadres sanctionnés. En 2012, le successeur d'Ali Tounsi, le général Hamel, a repris le dossier. Il a annonce, selon la presse, à l'occasion d'une cérémonie en l'honneur des policières lors de la Journée de la femme, qu'«une commission a été installée pour étudier et traiter chaque cas et déterminer les circonstances des licenciements et radiations afin de prendre les mesures qui s'imposent à l'issue de l'étude de chaque dossier». Ne voyant rien venir, le collectif se tourne vers le Premier ministre en visite à Constantine, le 16 février 2013. M. Sellal reçoit des représentants et saisit, séance tenante, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales de l'époque, Daho Ould Kablia, pour la prise en charge de ce dossier. A la fin de la même année, en décembre, ils ont été reçus par la tutelle, mais ils en sont toujours au statu quo. Même l'institution parlementaire a été sollicitée via le député Ahcène Aribi du Front pour la justice et le développement (Adala) qui s'est adressé en plénière au ministre de tutelle dans une question orale qui est restée lettre morte. Leur rencontre avec le DGNS, A. Hamel, même si elle a été rassurante, n'a pas eu de suite. Aujourd'hui, ces agents radiés s'interrogent sur le sort réservé à la décision n°5 et interpellent de nouveau le Premier ministre et le DGSN. Mais ils n'ont pas l'intention d'en rester là ; ils comptent saisir l'opportunité de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe» pour en faire une tribune et médiatiser leur cas auprès des délégations étrangères.