Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, a affirmé jeudi que son département avait honoré tous les engagements pour la prise en charge des revendications des gardes communaux. Les commissions chargées de l'examen des revendications «n'en ont négligées aucune», a insisté M. Belaïz devant la presse, en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Le ministère de l'Intérieur énumère, dans un document, dont El Watan a une copie, les mesures prises pour répondre à la plateforme formulée en avril 2014. Des gardes communaux ont pu, selon ce document, être redéployés. Des modifications «nécessaires» ont été introduites au dispositif réglementaire régissant la retraite proportionnelle exceptionnelle. En plus de la réhabilitation des agents ayant bénéficié d'une décision de justice de réintégration, un dispositif dérogatoire est mis en place pour la pension d'invalidité. Les agents bénéficient d'une indemnisation des heures supplémentaires et verront leur indemnité de risque et d'astreinte revalorisée. Concernant le logement social et rural, une instruction est adressée aux walis et aux chefs de daïra afin d'«assister les gardes communaux ou leurs ayants droit pour la formalisation des dossiers de demande de logement». Reste que les points relatifs à la retraite, à la carte Chifa et au microcrédit ne sont pas encore pris en charge et seront «traités dans le cadre de commissions intersectorielles». Rien sous le soleil Selon le Mouvement national des gardes communaux libres (MNGCL), le ministère «n'apporte rien de nouveau». «A chaque annonce d'un mouvement de protestation, Belaïz nous ressort ces mêmes points. Ces louvoiements sont une autre preuve de l'échec total des négociations qui durent depuis 3 ans», estime, dans une déclaration à El Watan, le coordinateur national du MNGCL, Aliouat Lahlou. Selon le représentant de ce corps de quelque 65 000 agents, la plateforme n'a pas été satisfaite en dépit des annonces. «Les agents redéployés n'ont pas de postes décents, certains ont été licenciés puis réintégrés sans que l'Etat paye leurs années de licenciement. Le logement social ne leur est pas assuré. Un garde communal d'Héliopolis, à Guelma, du nom de Larbaoui, a fait une tentative de suicide avec sa famille. Il est menacé d'expulsion et se trouve actuellement sans électricité. Nos retraites sont dérisoires, contrairement à celles des rappelés du MDN. Les pensions des agents communaux ne dépassent jamais 21 000 DA, tandis que celles des rappelés atteignent jusqu'à 41 000 DA», signale Lalaoui. Le MNGCL dénonce «avec vigueur» les «manœuvres» du département de Belaïz. «Le conseiller chargé par Belaïz du dossier veut démobiliser la base. Il a voulu imposer des représentants à sa botte, originaires de l'ouest du pays. Nous dénonçons ces manœuvres racistes et claniques. Notre but n'est pas de faire agréer une quelconque association pour le corps dissous en 2011. Notre légitimité nous la tirons du martyre de 4668 morts pour le pays. Notre but ultime est la reconnaissance par l'Etat des sacrifices des gardes communaux», précise Lahlou, qui souhaite que le dossier des gardes communaux soit «repris» par le Premier ministère. Des mouvements de rue sont au programme, dont l'organisation d'un rassemblement sur l'autoroute Est-Ouest, à hauteur du tunnel de Bouzegza. «Nous allons fermer le tunnel de Bouzegza durant trois jours, du 1er au 3 mai. Et c'est, à ce moment-là, au ministre de l'Intérieur d'assumer ses responsabilités quant aux dérapages possibles», menace Lahlou, qui signale qu'un rassemblement est également prévu le 29 juin au cimetière El Alia.