Des centaines de personnes ont participé hier à une marche dans la ville d'Azazga (37 km à l'est de Tizi Ouzou), à l'appel de la coordination des comités de village (Cheurfa N'Bahloul, Aït Bouadda, Flikki, Iazouguene et Hendou). Cette action de rue a été organisée pour réitérer la revendication de dissolution de l'APC dont la gestion est décriée par les comités de village cités. Les commerçants de la ville ont baissé rideau hier, durant les deux heures de manifestation. La marche, encadrée par les délégués de la coordination et par des sages des villages, s'est ébranlée vers le siège de l'APC à travers la principale artère de la ville. Les marcheurs ont brandi des banderoles portant les slogans : «La solution est dans la dissolution», «Pour une commission d'enquête ministérielle», «Azazga, belle et rebelle», «Les élus Berra !»…etc. Sur tout le long du trajet, les manifestants scandaient et répétaient les mêmes slogans mais aussi ceux qui sont lancés par les délégués de Cheurfa et d'Aït Bouadda, à travers un mégaphone installé sur un véhicule : «Mazalagh Di Azouguene», «La population d'Azazga ne pliera pas», «Non à la mafia du foncier», «Non à la répression policière». Arrivés à la grande place de la mairie, les délégués ont improvisé un meeting devant les policiers qui se tenaient devant le portail de la mairie. Le délégué de Cheurfa N'Bahloul, figure de proue du mouvement de contestation des villageois, Rachid Allouache, comme à l'accoutumée, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour s'en prendre aux élus locaux et aux autorités. Il s'en est, dans un premier temps, pris à un policier qui filmait la scène depuis une fenêtre du 2e étage de la mairie, en lui disant, «Continue à filmer, nous n'avons rien à cacher, tu n'as qu'à aller sur Youtube et tu trouveras tout ce dont tu voudras» Le délégué de Cheurfa a demandé ensuite à la foule d'observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre d'indépendance, de ceux de 1963 et tous ceux qui sont tombés pour la démocratie, citant 1980, 1988 et 2001. Durant son intervention, Rachid Allouche a rappelé toutes les étapes du mouvement entamé depuis le 21 septembre dernier. «Nous sommes des gens civilisés ; depuis six mois, rien n'a été cassé et le service de l'état civil fonctionnait normalement». Il s'en est ensuite pris aux services de sécurité qui ont «usé de violence à l'égard de paisibles citoyens durant le coup de force pour réinstaller le maire» et de poursuivre : «Les arrestations sont quotidiennes. 19 personnes ont été arrêtés un 19 mars (allusion à la journée nationale de la Victoire) et mis en garde à vue au commissariat». Le délégué de la coordination s'en est pris au maire qui «aurait adressé des mises en demeures aux travailleurs de rejoindre leur lieu de travail à la mairie». Il a rendu un vibrant hommage au délégué et au syndicat de la commune «qui ont pris leur distance, dignement, depuis le début du mouvement», avant de rendre un autre hommage aux jeunes filles recrutées dans le cadre du filet social en affirmant «qu'elles sont surexploitées avec un salaire de 5000 dinars mais qui sont écartées de toute régularisation et intégration».