L'Algérie n'organisera pas la CAN-2017. C'est sans surprise que les Algériens ont pris connaissance de cette décision que beaucoup d'observateurs prédisaient. Finalement, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, a obtenu ce qu'il voulait. Dès le départ, il avait pris le parti du Gabon, comme l'avait indiqué le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, quelques jours avant la venue du Camerounais à Alger pour assister à la Supercoupe d'Afrique ES Sétif-Al Ahly du Caire. A l'époque, des voix s'étaient élevées ici et là pour condamner les propos du dirigeant du COA. La suite lui a donné totalement raison. Il fallait être fou pour croire que le dossier algérien avait des chances de l'emporter. Ceux qui ont fait croire que la CAF allait confier à l'Algérie l'organisation de la 31e édition de la CAN se sont lourdement plantés à cause d'une méconnaissance totale des mécanismes de fonctionnement de cette instance continentale, qui n'a rien d'une institution démocratique. La transparence est son pire ennemi. Les preuves. Issa Hayatou a décidé de maintenir sa garde prétorienne au niveau du comité exécutif. L'assemblée générale s'est pliée et a reconduit le même personnel pour un nouveau mandat. Il ne voulait plus de Jacques Anouma (Côte d'Ivoire) et de Mohamed Raouraoua (Algérie) au comité exécutif de la FIFA ; il a donné la consigne et l'assemblée générale a laminé l'ivoirien. L'Algérien a eu l'«intelligence» de s'écarter volontairement. Résultat des courses, ses deux plus dangereux rivaux sont écartés à jamais des grands circuits du football. Issa Hayatou a pratiquement «assassiné» Anouma et Raouraoua. Le premier en l'humiliant mardi et le second en le jetant en pâture chez lui. Du travail de professionnel. Le congrès du Caire était important pour le Camerounais sur un autre plan : il voulait la caution des associations nationales pour violer les propres statuts de la CAF pour pouvoir postuler à un 8e mandat, alors que la réglementation interdit à tout dirigeant de briguer un mandat électif à plus de 70 ans. En 2017, date de la tenue de l'assemblée générale de la CAF, Issa Hayatou aura 81 ans. L'Algérie, c'est-à-dire la FAF, a voté cette résolution qui ouvre au Camerounais la voie à une présidence à vie. Le Camerounais a oublié que c'est grâce à l'amendement piloté par la FAF qu'il s'est débarrassé de Jacques Anouma, qui voulait présenter sa candidature à la présidence de la CAF (2011). Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, s'en mordra les doigts longtemps. Il a été mal payé en retour de sa loyauté envers l'homme de Garoua. Pour beaucoup d'Algériens, il porte une lourde responsabilité dans l'échec de la candidature de l'Algèrie. En tant que membre du comité exécutif de la CAF depuis 11 ans et de la FIFA – il l'est toujours jusqu'à l'été prochain – il était appelé à jouer un rôle dans cet épisode. Il n'a pas pu le faire parce que, quelque part, Issa Hayatou l'a neutralisé dans le sprint final. Sa conduite conciliante, pleine d'égards vis-à-vis du Camerounais a été mal récompensée. En tant que premier responsable de la fédération, membre de la CAF et de la FIFA, Mohamed Raouraoua ne peut se soustraire à ses responsabilités dans cet échec. Il était bien placé pour mesurer le degré de réussite ou d'échec de cette candidature. Dans l'affaire, le plus grand gagnant, c'est Issa Hayatou. D'une pierre il a fait deux coups ; il a humilié l'Algérie et enfoncé Mohamed Raouraoua.