Le malaise couvant depuis des années au niveau du service de neurochirurgie du centre hospitalo-universitaire (CHU) Saâdna Abdenour de Sétif prend de graves proportions. D'autant plus que 9 résidents (dont un est en 3e année) sur les 14, ont démissionné. L'ex-chef de service a préféré partir en retraite anticipée. Les 3 autres maîtres-assistants viennent d'obtenir leur mutation à Constantine et Batna. Le service, où l'ambiance de travail est délétère, tourne désormais avec un seul hospitalo-universitaire (l'actuel chef de service), pointé du doigt par les démissionnaires. Pis encore, un spécialiste a jeté lui aussi l'éponge. Un 2e est en instance de mutation. La «fuite» n'a pas, nous-dit-on, épargné les paramédicaux, dont bon nombre ont préféré changé d'air. Ce gravissime problème a été abordé lors du dernier conseil scientifique du CHU (El Watan détient une copie du procès-verbal de ladite réunion), tenue le 20 avril 2015. «Des femmes et des hommes ont consenti d'énormes sacrifices pour doter le CHU de Sétif d'un service de neurochirurgie et refusent qu'il soit transformé en charcuterie. Ne se souciant que du nombre d'opérés, le médecin chef, faisant fi de la casse, a instauré un climat de terreur au niveau de la structure qui se vide de ses compétences, ne pouvant travailler avec un responsable se distinguant par la mauvaise gestion et un comportement irrespectueux vis-à-vis du personnel médical et paramédical», diront des démissionnaires qui n'ont pas omis de saisir les instances concernées. Pour avoir de plus amples informations, on a pris attache avec le représentant du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu), le Dr Mohamed Hamadouche, qui nous a déclaré : «La situation du service de neurochirurgie est préoccupante, pour ne pas dire très grave. Elle influe aussi bien sur la formation médicale que sur la prise en charge des malades pris en otage. En perdurant, ce gravissime problème risque de contaminer d'autres services du CHU. Le conseil national du Snechu condamne et interpelle la tutelle pour sanctionner les éventuels responsables et mettre un terme à la saignée…» La présidente du conseil scientifique, le Pr Houria Zidane, ne mâche pas ses mots : «Le service de neuro-chirurgie a été massacré, d'autant plus qu'il s'est vidé de 80% de sa substance médicale. Les faits sont là. Les responsables à tous les niveaux doivent réagir.» Nous avons par la suite pris attache avec le chef de service de neurochirurgie qui réfute les faits : «Notre mission est difficile et stressante. Je ne suis pas du genre à manquer de respect à mes collègues. Mais les personnes ne pouvant supporter le stress généré par une spécialité aussi lourde et difficile sont libres d'aller ailleurs. Pour ce qui est de la communication, tout le programme du service est élaboré lors des deux réunions quotidienne du staff ainsi que celle du jeudi.»