L'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie en est, depuis le 1er septembre dernier, à sa première année de mise en œuvre effective. A moins qu'un bilan qui nous est inaccessible soit fait au niveau des cercles de décisions concernés, le commun des observateurs de la scène économique algérienne sait peu de choses sur ce qu'il a apporté de positif ou de négatif pour notre économie. Les chiffres manquent cruellement et les analyses qui existent sont souvent contradictoires en raison l'absence de données officielles sur lesquelles s'appuieraient l'ensemble des analystes. A cause de cette lacune l'observation est restée empirique aussi bien au regard de la population qui n'a pas vu d'amélioration dans ce qui lui avait été promis, encore moins les chefs d'entreprises qui, non seulement, n'ont pas réussi à exporter leurs produits, pis, ils se sont vu concurrencés par les articles étrangers sur le marché local qui leur étaient autrefois acquis. Le démantèlement ou les réductions tarifaires de nombreux produits et matières premières effectués à la faveur de l'accord d'association n'ont en effet pas induit de baisse notable des prix des produits importés. En dépit de ce qui leur fut promis les Algériens ont payé plus cher des produits importés comme la viande, le sucre, la poudre de lait, la pomme de terre et autres produits contingentés ou ayant subi des réductions tarifaires. L'envolée de l'euro et des cours du pétrole auraient, dit-on, annihilé les baisses de prix attendues, mais cela les consommateurs, comme du reste les entreprises, ne sont pas sensés le comprendre. L'occasion aurait été bonne pour les entreprises algériennes qui ont des coûts de production inférieurs à ceux des sociétés européennes, d'exporter leurs produits, mais la qualité n'a malheureusement pas suivi faute de mise à niveau des outils de production et du management. Le résultat en est que l'Algérie a très peu exporté (environ 4% des recettes d'exportations seulement) alors que les dépenses d'importation ont sensiblement augmenté. L'Algérie, qui dispose d'un confortable matelas de devises, a été ainsi transformée en comptoir où sont déversées des quantités considérables de produits étrangers souvent importés par des opérateurs qui n'ont pas les qualifications requises, engendrant une forte déperdition en raison de la qualité souvent douteuse des marchandises. L'appareil de production algérien empêtré dans d'inextricables problèmes de mise à niveau et de gestion a, quant à lui, été incapable de mettre à profit le démantèlement et les réductions tarifaires engendrés par l'accord d'association. L'industrie algérienne tout comme son agriculture ont été soumises à rude épreuve durant cette première année de mise en œuvre de l'accord, mais le plus dure est à venir, qui verra le démantèlement tarifaire, autrement dit la protection du marché local, disparaître progressivement sans qu'aucun moyen ne soit donné à nos entreprises vulnérables pour se prémunir contre une concurrence inégale et souvent déloyale comme le prouvent les nombreuses requêtes adressées par des opérateurs algériens se plaignant de constitution de lobbies (cas du sucre), de restriction à l'exportation de certains de leurs produits et autres dysfonctionnements de cet accord qui semble de plus en plus s'inscrire dans une logique de domination que de coopération. Un constat que les comités de suivi relevant du ministère des Affaires étrangères et du ministère du Commerce ont certainement dû faire sans pour autant être en mesure de décider de mesures destinées à supprimer les dysfonctionnements constatés. De ce fait, le risque est de voir bon nombre de nos entreprises disparaître au terme des 12 années de démantèlement prévues par l'accord d'association. L'autre constat décevant et sans doute le plus important aux yeux des Algériens, c'est le peu d'empressement dont fait preuve l'Union européenne, lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre comme il était prévu dans l'accord de Barcelone les mesures destinées à promouvoir la démocratie dans les pays de la rive sud de la Méditerranée. Contrairement à ce qui était attendu, l'Europe semble se complaire du déficit démocratique, de surcroît en constante détérioration, qui sévit au Maghreb. Le seul objectif que semblent suivre les autorités européennes consiste à maintenir nos pays sous leur influence, notamment commerciale. Enfin, les Algériens qui espéraient pouvoir circuler au même titre que les marchandises qui s'échangent, librement dans les pays de zone de libre-échange euro-méditerranéenne, ont fini par déchanter au regard du durcissement de l'octroi de visa que les pays d'Europe ont opéré.